De plus en plus fréquentes à la radio, les lectures d'ouvrages s'installent à la télévision. France 3 envisage de faire vivre dans les prochains mois les grands titres de la littérature classique et contemporaine grâce notamment à des lectures réalisées par des sociétaires de la Comédie-Française, dans "Premières loges" (titre provisoire), une nouvelle émission culturelle de vingt-six minutes produite par Rachel Kahn. Elle sera diffusée en troisième partie de soirée et s'organisera autour de grandes thématiques.
Confidentielles et anecdotiques il y a encore quelques années, les lectures sur les antennes de radio ou de télévision emploient depuis peu les meilleurs talents, au point d'en faire les programmes les plus chics du PAF. En septembre, Olivier Poivre d'Arvor lançait sur France Culture "Fabrice Luchini lit", une quotidienne de cinq minutes (19 h 55) consacrée aux grands textes de la littérature française. Un "Denis Podalydès lit" suivra sur le même modèle à partir du 24 octobre. Pas de concurrence mais plutôt une émulation entre comédiens. Le premier à avoir fait de la lecture une émission glamour, c'est Guillaume Gallienne, en 2009, lorsqu'il lançait sur France Inter sous le titre badin "Ça ne peut pas faire de mal" (samedi, 18 h 10), une hebdo de cinquante minutes sur les grands textes du domaine public. En présence d'un invité, avec extraits d'archives et de musique, il explique et lit avec le talent qu'on lui connaît des extraits de L'éducation sentimentale de Gustave Flaubert, Anna Karénine de Léon Tolstoï, ou L'odyssée d'Homère. De là à adapter la formule aux textes contemporains, il n'y avait qu'un pas qu'il a osé franchir le 24 septembre dernier lorsqu'il a consacré son émission à la rentrée littéraire, en partenariat avec le JDD, découpant du coup son émission en douze petits modules.
Propulsée lectrice en 2005 par Patrick Poivre d'Arvor alors qu'elle était chroniqueuse dans son émission "Vol de nuit", la comédienne Alexandra Lemasson est d'ailleurs précurseur du genre, qu'elle défend depuis 2009 aux côtés de Philippe Lefait dans "Des mots de minuit", où elle lit les textes des auteurs invités : "Je choisis moi-même les extraits que je vais lire, car je sais en tant que comédienne ce qui va fonctionner ou pas", explique-t-elle. A raison d'une lecture, voire deux, par émission, qui n'excèdent jamais deux minutes : "La brièveté à l'antenne me paraît essentielle, à l'inverse d'une lecture en festival. » Depuis quelques mois, ses lectures sont reprises chaque semaine sur le site Web de L'Express. A contrario, Europe 1, qui pour l'instant n'en programme pas de nouvelles, avait lancé en mai 2009 "Un livre pour la nuit" à l'occasion de la sortie du film Millénium, consacrant ensuite une demi-douzaine de ses nuits à la lecture d'un livre. Car raconter des histoires aux grands, c'est bien même s'il faut les mettre en musique, comme le fait Fip depuis septembre (le jeudi, à 20 h30). Mais c'est du côté de l'enfance que tout a commencé. Depuis quatre ans sur Radio Classique (20 h-20 h 05), dans "Des histoires en musique", Elodie Fondacci prend sa voix la plus douce pour lire chaque soir un conte de fées avec accompagnement musical.