Une vie entre deux océans arrive en France avec son étiquette de best-seller international (droits vendus dans 30 pays, adaptation cinéma à venir) et ses récompenses (prix des libraires indépendants en Australie comme meilleur premier roman, meilleur livre de l’année). De fait, le livre de M. L. Stedman contient presque tous les ingrédients d’un émouvant et tragique roman d’amour. Le principal étant le cadre : un phare en pleine mer au sud-ouest des côtes australiennes.
On est au milieu des années 1920, entre La Partageuse, petite bourgade portuaire, et l’île de Janus, entre océan Pacifique et océan Indien (une carte permet le repérage). Rentré entier, mais ébranlé, des champs de bataille européens de la guerre de 14, Tom Sherbourne est embauché comme gardien de phare sur cette île déserte ravitaillée deux ou trois fois par an. Avant de se retirer du monde, il rencontre Isabel, fille d’un directeur d’école, dont les deux frères sont morts au front, et il l’épouse quelques mois plus tard. Le couple est heureux dans cette vie rude et solitaire, mais endeuillé par les trois fausses couches successives qui meurtrissent la jeune femme. Et celle-ci voit un signe divin quand s’échoue sur l’île un nouveau-né naufragé. Elle convainc son mari de cacher ce sauvetage et de faire passer la petite fille pour le bébé mort-né dont elle a accouché quelques jours plus tôt. La fillette, prénommée Lucy, grandit dans cet environnement sauvage, adorée de ses parents d’adoption, jusqu’à ce que ces derniers apprennent que, sur le continent, la mère biologique, folle de chagrin, n’a pas perdu espoir de retrouver son enfant.
Liens du sang contre liens du cœur, mensonges ravageurs et cas de conscience, voilà un drame au romanesque efficace, une aventure sentimentale extrême balayée par des vents contraires. Un genre toutefois auquel ne nous avait pas vraiment habitués Stock.
Véronique Rossignol