Une quarantaine de personnes ont participé à cette réflexion, entamée dès le lendemain des attentats par la communauté des bibliothécaires au sein des équipes ou lors des rencontres organisées par les associations professionnelles.
A partir d'un travail d'enquête mené pour son livre Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ?, paru en 2013 aux Presses de l'Enssib, le sociologue Denis Merklen a apporté de nombreux éléments de réflexion, propres à bousculer certaines idées reçues.
Neutre et acteur ?
"La plupart des bibliothécaires considèrent la bibliothèque comme un espace public ouvert, neutre, où il n'y a pas de prise de position possible, a souligné le sociologue. Or, cette vision de principe est mise en question par l'inscription de la bibliothèque dans la société. La bibliothèque est un acteur qui agit au sein d'un contexte culturel et politique".
Le travail en ateliers a fait émerger les interrogations des professionnels mais également des pistes de travail. "Comment être à la fois neutre et acteur de la société ?", a interrogé Sophie Danis, directrice du réseau des bibliothèques de Versailles. Juliette Lenoir, présidente de l'ADBGV, a souligné l'évolution des métiers : "Avant, l'essentiel de notre métier consistait à constituer et offrir au public des collections les plus vastes possible. Aujourd'hui, on produit et on éditorialise des contenus, on s'investit plus fortement sur la programmation culturelle".
En conclusion des rencontres, Jean-Luc Gautier-Gentès, inspecteur général des bibliothèques, a rappelé la nécessité pour les bibliothèques de développer "une porosité avec leur environnement", et d'avoir largement recours aux partenariats avec les autres acteurs sociaux et culturels de leur territoire. "Les bibliothèques ne peuvent assumer seules la tâche d'intégrer dans la société des jeunes qui ne le sont pas", a-t-il déclaré.