En 2011, dans la foulée du succès inattendu et mérité de Sukkwan island de David Vann, les éditions Gallmeister lançaient Le signal de Ron Carlson. L'histoire d'un type tout juste sorti de prison, Mack, qui retrouve son ex-femme pour une ultime partie de pêche dans le Wyoming. Resté huit semaines dans la liste des meilleures ventes de Livres Hebdo, le roman de Carlson a eu 20 000 lecteurs et s'apprête à ressortir en semi-poche dans la collection "Totem".
Cinq ciels, le deuxième importé en France, est meilleur encore. L'action se déroule dans l'Idaho, au mois de mai. Ils sont trois réunis ici avec leurs blessures secrètes. Ce colosse d'Arthur Key a quitté Los Angeles. Il essaye de se recentrer, de se ressaisir, après la disparition de son frère Gary qu'il n'a pas toujours réussi à protéger et à tenir éloigné de ses démons. Ronnie Panelli, lui, est presque encore un gamin. Il a été caddy dans un golf, a déjà fait de la prison, mais s'y connaît manifestement bien en maçonnerie et en charpenterie. Tous deux ont été engagés par Darwin Gallegos, veuf depuis que sa femme Corina a été emportée par un accident vasculaire. Le mystérieux chantier qui les occupe, sur le plateau du Rio Difficulto qui surplombe un canyon, demande de forer, de creuser afin d'installer des poteaux télégraphiques et de construire une rampe. Les trois hommes dorment sous la même tente, entourés par le désert, une sauge épaisse, des cairns "qui, périodiquement, entraient en éruption, crachaient leurs braises rouges et poreuses". Ils baissent peu à peu la garde, se confient, commencent à se lier d'amitié. Chacun à sa manière, ils semblent avoir grand besoin de faire la paix avec eux-mêmes... Avec une rare empathie pour ses personnages et son décor, Ron Carlson privilégie l'ambiance et la psychologie à l'action. Minimaliste, puissant et dense, Cinq ciels monte page à page en puissance. Le résultat donne l'un des meilleurs livres inscrits à ce jour au catalogue de la maison Gallmeister.
