Les cent visages des traducteurs

Les cent visages des traducteurs

Très suivies et appréciées, les 3e Rencontres de la traduction au Salon du livre ont fait salle comble et réuni les traducteurs autour des multiples facettes de leur métier.

Par Catherine Andreucci
avec ca Créé le 15.04.2015 à 22h43

Des textes littéraires aux sciences humaines, des polars islandais à la science fiction, en passant par les sous-titrages et doublages de films et séries télévisées: toutes les facettes du métier de traducteur ont été explorées lors des troisièmes Rencontres de la traduction, organisées le 21 mars par le Salon du livre, en partenariat avec le Centre national du livre, l'Association des traducteurs littéraires de France et Atlas.

Environ 400 traducteurs se sont déplacés Porte de Versailles, juste avant l'inauguration du Salon, pour ce qui est devenu un important rendez-vous dans leur profession. Avec «le sentiment d'appartenir à une communauté professionnelle, alors que l'on exerce un métier qui est le plus solitaire qui soit», a résumé Laurence Kiefé, présidente de l'ATLF, association qui fête ses 40 ans en 2013, tandis qu'Atlas, qui organise les Assises de la traduction à Arles, affiche ses 30 printemps.

Depuis que les traducteurs s'organisent et revendiquent la spécificité de la traduction littéraire, du chemin a été parcouru: affirmation d'un statut, essor des formations, échanges professionnels, réflexion sur la pratique de la traduction... Après la signature, l'an dernier, de la 3e mouture du «Code des usages pour la traduction d'une oeuvre de littérature générale» entre l'ATLF et le Syndicat national de l'édition, un Guide de la traduction littéraire, rédigé par l'ATLF, le SNE et le CNL, voit le jour pour le Salon du livre.

Sur le front des sciences humaines et sociales, les éditions de l'EHESS viennent de réaliser un livret intitulé Sciences sociales d'ailleurs, présentant 32 ouvrages à traduire, du russe, du portugais, du persan, du polonais, du coréen, de l'arabe, de l'anglais ou du turc... Comme l'a rappelé Dieter Hornig, traducteur de l'allemand et du français, et enseignant à Paris 8, «il faut que les sciences humaines et sociales fassent définitivement le deuil du désir d'une langue parfaite, purifiée, logique et qu'elles se rendent compte que toute pensée se fait dans une langue. Elles doivent basculer dans ce courant de pensée qui considère la diversité des langues comme une richesse.»

Ce qui fait la spécificité de la traduction des sciences humaines, c'est que «les textes sont écrits comme des interventions dans un espace de débat, même si les contradicteurs ne sont pas cités. De plus, on travaille des concepts, donc il y a une responsabilité scientifique du traducteur», a souligné Michèle Leclerc-Olive, sociologue au CNRS, lors de la table ronde sur le sujet, une des plus appréciées de la journée.

Dans un tout autre univers, la traduction de science fiction présente elle aussi ses particularités. «Un lexique a été fixé il y a longtemps, qui établit par exemple que «dwarf» est un nain, et non une personne de petite taille... Il faut connaître un minimum les bases de cette littérature et les bibles», a ainsi expliqué Thibaud Eliroff, éditeur chez J'ai Lu et lui-même traducteur.

Et si l'on veut revoir une traduction pour la rendre plus proche de l'original, voire rectifier des interprétations fautives, c'est parfois toute une communauté de fans que le traducteur (et l'éditeur avec) se met à dos...
15.04 2015

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