A l’automne dernier, James Salter a reçu des honneurs mérités à la parution de Et rien d’autre. L’ultime chef-d’œuvre de l’Américain a été salué par la presse, les libraires et les lecteurs, tous éblouis par le retour au roman d’un écrivain qui a toujours pris le soin de publier peu mais à chaque fois de manière marquante. On peut lire enfin avec émotion le livre avec lequel il avait fait son entrée sur la scène littéraire en 1956. The hunters (Les chasseurs), James Salter l’a repris et préfacé en 1997. C’est cette version que donne à lire L’Olivier sous le titre Pour la gloire, dans une traduction de Philippe Garnier qui avait déjà eu en charge celle d’Une vie à brûler (L’Olivier, 1999, repris chez Points).
Salter a été élève à West Point avant d’entrer en 1945 dans l’US Air Force comme pilote. Il a servi douze ans dans le Pacifique, aux Etats-Unis, en Europe et en Corée, où il a accompli plus de cent missions de combat comme pilote de chasse. Avant la parution de Pour la gloire, il a démissionné de l’armée. Son expérience se retrouve au cœur de son coup d’essai dont l’action se situe pendant la guerre de Corée qui eut lieu de 1950 à 1953. Cleve Connell, son héros, est en transit au Japon. Dans un centre de triage, il attend son ordre de mission qui doit l’envoyer en Corée.
Notre homme est un champion, un "pilote-né, pas formé". Cleve a 31 ans. Il n’est "pas trop vieux, mais bientôt si" puisque ses yeux ne sont plus assez bons. Le voici sur le point de rejoindre la plus fameuse des escadres de chasse basée près du front avec une sérieuse envie de se dépasser. Il débarque à Séoul un après-midi de février "bleu, mordant". Le capitaine Connell va avoir comme supérieur l’imposant colonel Imil, l’as de la Seconde Guerre mondiale, le golden boy de l’armée de l’air. Un colosse qui affirme que la seule chose dont un pilote a besoin, "c’est de confiance en soi".
Rapidement, Cleve vole en mission en attendant d’en découdre, de combattre, d’abattre le plus possible de Mig. Il se voit confier le commandement d’une escadrille, enchaîne les sorties. Et croise à nouveau sur sa route Ed Bell, un pâle lieutenant, "baratineur de serveuses", qu’il a vu à l’œuvre à Tokyo et qui va se révéler un bon élément.
James Salter, lui, est aussi à l’aise au sol que dans les airs. Pour la gloire montre déjà quel styliste il va devenir. Sa manière très sûre de soigner et de doser les descriptions, les dialogues, les portraits. Une fois son livre refermé, on filera dénicher une copie de Flammes sur l’Asie, l’adaptation cinématographique qu’en avait tirée Dick Powell en 1958, avec Robert Mitchum.
Alexandre Fillon