Les départs chez Fayard se multiplient. Après celui de Virginie Grimaldi annoncé le 14 juin, quatre auteurs, Jacques Attali, Victor Castanet, et le duo Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont indiqué rompre avec la filiale d'Hachette, indique un article du Monde publié vendredi 17 juin.
L'économiste Jacques Attali aurait annoncé son départ par message à Isabelle Saporta. La nouvelle Présidente-Directrice générale de Fayard a été nommée en début de semaine pour reprendre le poste de Sophie de Closets. "J’irai où Sophie de Closets ira", s'est justifié Jacques Attali, pourtant fidèle à Fayard depuis 1981. "Je ne fais pas de procès d'intention à Isabelle Saporta, quelqu'un de tout à fait respectable. Mais le fait est que Sophie de Closets n'est pas partie de son plein gré de Fayard", a-t-il ajouté à l'AFP. Un sentiment partagé par le journaliste indépendant Victor Castanet, auteur de la retentissante enquête Les Fossoyeurs. Caracolant dans les meilleures ventes depuis sa publication le 26 janvier, l'ouvrage avait été relu et édité pendant près de trois ans par Sophie de Closets. Selon plusieurs sources dans le secteur de l'édition, Sophie de Closets attend par ailleurs de prendre la tête des éditions Flammarion, privées de patron depuis la démission en janvier d'Anna Pavlowitch.
Les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme avaient également participé à la relecture de l'enquête sur les dérives du groupe Orpea. Auteurs plus récemment de l'ouvrage Le traître et le néant, mais aussi éditeurs chez Fayard, ils ont de leurs côtés décidé de quitter la maison d'édition du groupe Hachette pour "reprendre leur liberté". "Notre indépendance éditoriale, qui nous est si chère et a toujours été totale, est clairement menacée", ont-ils écrit dans une lettre recommandée à Isabelle Saporta. "Nous regrettons son manque de considération pour le travail de celle qui l'a précédée à la tête de Fayard, Sophie de Closets, qui est non seulement discourtois mais très malavisé, puisque Sophie est la meilleure éditrice de Paris", ajoute Fabrice Lhomme à l'AFP.
Inquiétudes sur l'avenir
Du côté des auteurs, les liens d'Isabelle Saporta avec Nicolas Sarkozy, administrateur de Lagardère et promoteur d’une fusion Hachette-Editis, semblent susciter des appréhensions. Peu de temps après la publication de notre grand entretien avec l'ancien président, l'éditrice lui aurait envoyé un SMS le félicitant de la qualité de cet entretien et lui demandant une entrevue. "On verra si elle peut faire une bonne PDG de Fayard", aurait déclaré Nicolas Sarkozy, cité par Le Monde.
Ces départs interviennent aussi alors que la maison mère des éditions Fayard, Hachette, est en train de passer sous le contrôle de Vivendi, le groupe du milliardaire Vincent Bolloré. Dans un contexte de projet de rachat de Lagardère par Vivendi, et donc d'une éventuelle fusion entre Hachette et Editis, certains écrivains se sont déjà inquiétés, par voie de presse ou via la formation de collectif, de leur future liberté éditoriale. Sur le site internet de L'Obs jeudi, Isabelle Saporta s'est défendue face à cette crainte. "L'indépendance est mon honneur, et c'est surtout une exigence essentielle de nos auteurs", a-t-elle déclaré. Pour Fayard, qui compte de nombreux auteurs de best-sellers comme Aurélie Valognes ou Baptiste Beaulieu, la question est maintenant de savoir si le climat d'incertitude va se traduire par de nouveaux départs.