22 mai > essai France

De son propre aveu, François Gorin est un "critique rock intermittent, semi-retraité". Cette fine plume, qui est aussi un découvreur toujours en alerte, a travaillé pour un magazine de rock de 1980 à 1985 (Rock & folk), pour un quotidien jusqu’en 1985 (Le Matin de Paris). Comme il l’explique dans Nos futurs : un conte post-rétro, il a également écrit un livre sur la question (Sur le rock, L’Olivier), avant de passer à autre chose - la critique de cinéma pour Télérama -, puis d’être finalement repris par la musique. Désormais, Gorin tient un blog sur le site de Télérama, Les disques rayés, où il parle de ce qui lui reste, "et comment, et pourquoi." Son nouveau livre, qui paraît chez Le Mot et le reste, est un dialogue incarné avec un immense essayiste anglais, Simon Reynolds, auteur acclamé de Rétromania (Le Mot et le reste, 2012). Un imposant ouvrage qui a fait comprendre au Français qu’il était un "rétromaniaque" possédant nettement plus de vinyles que de CD.

Dans ce volume vivifiant, où il s’imagine recevoir les visites quotidiennes de Reynolds, Gorin s’interroge sur son rapport à la musique, lui qui peut s’emballer pour Bloom de Beach House ou pour American Primitive, vol. II ; lui qui prit de plein fouet les Smiths sur scène en 1985 ou les Kills en 2003 ; lui qui, au début des années 2000, fut pris d’une frénésie d’achat de disques sur eBay. Né en 1957, l’auteur de L’Améryque (L’Olivier, 1998) détaille avec justesse son rapport à l’œuvre d’Elvis Costello ou à celle de Paddy McAloon, son emballement pour des artistes aussi divers qu’Adam Green ou Kanye West, dont il possède cinq albums, tel l’ultime 808s & Heartbreak à la mélancolie grise.

Al. F.

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