9 janvier > récits Grande-Bretagne

Le nouveau livre de Julian Barnes, Quand tout est déjà arrivé, version française de Levels of life, regroupe trois récits. A chaque fois, le romancier, nouvelliste et essayiste s’interroge sur l’idée de réunir deux choses qui n’ont jamais été mises ensemble. Que cela soit avec ou sans succès. « Le péché d’élévation », qui ouvre le volume, traite de voyage dans les airs, dans la nacelle d’un ballon ou en aérostat.

Barnes convoque plusieurs figures. Le colonel Fred Burnaby, de la Garde royale à cheval, est un membre de la Société aéronautique britannique. Sarah Bernhardt, une comédienne qu’on ne présente plus. Félix Tournachon, « l’homme aux cheveux de feu », a quant à lui été journaliste, caricaturiste, photographe, entrepreneur et inventeur. Il est depuis entré dans l’histoire sous le nom de Nadar.

Ici, il est question de paix, d’élévation morale et spirituelle. D’une liberté « sujette aux caprices du vent et de la météorologie ». « A hauteur d’homme » permet de retrouver le trio, d’en apprendre un peu plus sur l’amour : « le point de rencontre entre la vérité et la magie ». Et de suivre ce qui a réuni et éloigné l’étonnant Burnaby, qui devait être tué d’un coup de sagaie lors de la bataille d’Abou Klea, et « la Divine ». Cette petite femme, « si admirablement faite pour attirer l’attention », selon Henry James, et « fausse, froide, affectée », pour Tourgueniev. Une Sarah Bernhardt qui disait ne pas être faite pour le bonheur, affirma à Burnaby ne jamais se marier et le fit pourtant.

L’auteur d’Arthur & George (Mercure de France, 2007, repris en Folio) et d’Une fille, qui danse (Mercure de France, 2013) termine en beauté avec « La perte de profondeur ». Un morceau poignant où il évoque la femme avec laquelle il a vécu pendant trente ans avant qu’un cancer foudroyant ne l’emporte. « Le cœur de ma vie ; la vie de mon cœur », écrit-il. Lui, «l’affligé», «l’endeuillé», capable de parler de sentiment et d’émotion avec une rare hauteur. Al. F.

 

 

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