UN BEL OBJET FERA LA DIFFÉRENCE
"J'essaie de trouver le prix le plus juste, compte tenu du fait que je suis l'un des rares éditeurs qui continuent à fabriquer des livres cousus, collés, avec des rabats. Cela a un coût. Avec l'arrivée du numérique, c'est peut-être ce qui fera la différence et incitera les gens à acheter un bel objet. Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de sombrer dans l'élitisme. Mais nous publions souvent des auteurs inconnus, pour lesquels nous n'avons aucune idée du marché. Je n'ai pas l'impression que les livres, en général, soient particulièrement chers par rapport aux autres biens de consommation. Et ce n'est pas aux éditeurs, ni aux libraires, de hurler avec les loups. Le prix du papier a augmenté, notre imprimeur a un peu augmenté ses prix, mais les nôtres ont peu progressé. Dire que nous allons baisser nos prix d'un euro l'année prochaine, c'est un peu comme dire que l'on va publier moins... Démagogique." Dominique Gaultier, éditions du Dilettante
CONCURRENTIEL
"J'essaie de fixer un prix cohérent, à la fois avec le marché et avec mes propres équilibres économiques. Il faut veiller à être concurrentiel par rapport aux autres formes de loisirs culturels. Depuis quelques années, le prix du livre s'est singulièrement rapproché du cinéma, devenu très cher. Mais je n'ai pas le sentiment que le livre souffre de son prix aujourd'hui. On a toujours entendu dire, pour des raisons que je ne comprends pas, que le livre était cher. Mais c'est ce qui a le moins augmenté ! Il est toujours facile pour ceux qui n'aiment pas lire de dire que c'était trop cher. Bien sûr, il faut surveiller les prix. En ce moment, nous avons des contraintes que nous sommes obligés de répercuter, mais nous le faisons dans un cadre, à mon avis, raisonnable." Paul Otchakovsky-Laurens, éditions P.O.L
CONTRE LES TRÈS BAS PRIX
"Certains livres sont très chers, et la baisse du pouvoir d'achat pénalise leurs ventes. Les gens attendent que les romans à 20 euros passent en poche. Mais les éditeurs font des efforts, et je ne suis pas sûre que les ventes seraient supérieures à 1 ou 2 euros de moins. En revanche, les éditeurs ne se rendent pas compte que, lorsqu'ils font des livres à 2 ou 3 euros, ça ne correspond à rien. Ils n'ont qu'à les donner ! Personne n'y trouve son compte. S'ils faisaient des livres un peu plus épais, à 5 euros, je suis persuadée qu'ils en vendraient autant. A partir du moment où le livre est intéressant, où il correspond à une demande et apporte quelque chose, 2 euros ou 4 euros, ça ne change pas grand-chose." Béatrice de la Vaissière, librairie Libralire, Paris