À l’approche du festival Quai du polar (4-6 avril), le collectif d'autrices de polar francophones Les Louves du Polar lance un jeu-concours « Info-Intox » du 17 au 27 février.
À travers des photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux, le jeu vise à faire connaître des autrices et des ouvrages encore trop peu connues. Une action parmi d’autres, menée depuis maintenant quelques années par Les Louves du Polar pour mettre les écrivaines du genre en avant.
« Les femmes aussi savent écrire de bons polars »
L'idée du projet est née en 2021 d'une conversation entre Céline Denjean, l’une des fondatrices, et Sonja Delzongle, autrice de polar depuis plus 15 ans. Toutes deux font alors le même constat : bien que de plus en plus nombreuses, les autrices de polar francophones restent sous représentées.
« Si on me demandait de donner cinq noms d’autrices francophones avant de rejoindre le collectif, à part Fred Vargas, j’en aurais été incapable », déplore Luce Michel, autrice et membre des Louves interrogée par Livres Hebdo.
Le collectif prend corps en 2022 et marque le coup en publiant une vidéo d'annonce sur YouTube :
Les premières louves sont six autrices : Céline Denjean, Agathe Portal, Cécile Cabanac, Céline de Roany, Chrystel Duchamp et Marlène Charine. Trois ans après sa fondation, le collectif compte 31 adhérentes, toutes animées par le même slogan : « Les femmes aussi savent écrire de bons polars. »
« On se soutient, on se partage les contacts, c’est une vraie sororité »
Interrogée par Livres Hebdo, Céline Denjean souligne qu'il n'est pas question de rejeter les auteurs ou de mettre exclusivement en avant les membres de l’association. Elle précise : « Le ton du collectif n’est pas vindicatif. L'idée n'est pas d'opposer les sexes mais d'offrir une visibilité équivalente aux auteurs et aux autrices qui restent pour l'instant largement invisibilisées »
Contre l'auto-promo, le collectif joue du champ lexical de la meute dans sa communication : « Les louves ne se tirent pas dans les pattes », peut-on lire par exemple sur le site de l'association.
Louise Oligny, autrice de polar se considérant elle-même comme « une jeune louve », témoigne : « Dans mon ancien travail, j’étais une vraie bonne élève, on me mettait en opposition avec mes collègues féminines. Les Louves ont cassé ce mythe concurrentiel : on se soutient, on se partage les contacts, c’est une vraie sororité. » Composée d'une importante variété d'autrices, certaines moins célèbres bénéficient via les réseaux sociaux de la visibilité des plus connues.
Actions menées et partenariats
Avec le temps, le groupe s'agrandit, multiplie les partenariats (Cultura, Gibert Joseph) et les actions menées. Cette année, par exemple, se tiendra du 21 mai au 21 juin la 3e édition de l’opération Vitrines des Louves. Près de 150 librairies partenaires s’engageront, pendant un mois, à mettre en avant des autrices francophones. En 2023, 60 libraires en France et 40 libraires du groupe Club en Belgique ont ainsi joué le jeu.
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Le regroupement d’autrices sous une bannière non éditoriale a d'abord suscité des réticences des maisons d'édition sollicitées. « Au début, il y avait un vrai silence des maisons qui ne souhaitaient pas partager des vidéos mettant des autrices en concurrence. Mais finalement, ça a marché : c’est un collectif inter frontalier », s'enthousiasme Céline Denjean.
Aujourd'hui parmi les partenaires réguliers, les autrices comptent notamment sur Pocket, qui publiera en juin 2025 Dérapages, un recueil de 19 nouvelles écrites par 19 Louves. Les bénéfices seront reversés à Cop1, une association venant en aide aux étudiants précaires.
Depuis 2024, le collectif a acquis le statut d’association, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives : recherche de donateurs, mise en place d’un système de cotisations, actions de communication et de promotion.