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Les revues face au numérique

Les revues face au numérique

L’avenir des revues passe-t-il par le numérique ? Oui, mais pas seulement, ont répondu les participants aux débats du 16 mai au Centre national du livre, à l’initiative de Nonfiction.fr, avec Ent’Revues et Livres Hebdo.

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Par Catherine Andreucci
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

hybridation

“L’expérience nous a montré que le maître mot était l’hybridation papier/numérique. Cela ne veut pas dire que l’on met en ligne la revue, mais il faut multiplier les sources de revenus. Les abonnements institutionnels passent par des bouquets. Sans bouquets, on est morts. Sans Cairn, on aurait des difficultés considérables. La diversification est absolument nécessaire, car les libraires se réduisent comme peau de chagrin et sont coincés par le fait que les diffuseurs sont de plus en plus durs. […] Notre site enregistre 8 000 visites uniques par jour. Pour les auteurs, c’est la possibilité d’exister. Pour les malheureux qui n’ont pas un sou en poche, c’est la possibilité d’avoir accès à ces instruments de travail. […] L’hybridation peut aller jusqu’à coupler papier et numérique dans un numéro double : notre n° 53 sera vendu avec le n° 54 intégré sur une clé USB.?

Yann Moulier-Boutang, codirecteur de la rédaction de Multitudes

craintes

“En 2005, moins du quart des revues de sciences humaines et sociales sont présentes sur la Toile. […] Le numérique a emmené avec lui des craintes : un modèle économique flou pour les revues, une peur de la dématérialisation, de la substitution du papier et de la baisse des abonnements.?

Philippe Babo, adjoint au chef de département de la création du CNL

résonances

“Nous avons créé la revue en 2010 sur Internet. […] Mais nous avons vite ressenti une frustration : nous avions besoin, pour continuer, de résoudre la question de la trace. […] Le papier ne répond pas seulement à des questions esthétiques. Pour nous, la revue reposait sur l’entièreté : c’est un ensemble, une mise en résonance des articles entre eux, qui doit pouvoir être présenté tel quel aux lecteurs. En version électronique, les lecteurs avaient une vision diachronique : ils lisaient un article mais sans forcément voir les autres qui le nourrissent. Avec le papier, nous avons gagné le fait de pouvoir défendre une vision holistique de la revue.?

Sophie Bobbé, membre du comité de rédaction d’Esquisse(s)

valorisation

“L’hybridation papier/numérique se pose dans deux domaines : rédactionnel et commercial. Le mot clé est la valorisation. Le site sert à valoriser le papier qui reste le cœur du modèle économique. Si on perd nos abonnés, on n’a plus de ressources. Le modèle de remplacement n’est pas encore présent. Notre site est donc un site de communication et de commerce. Depuis dix ans que je m’en occupe, je n’ai jamais senti de revendication de la part nos lecteurs pour disposer d’une version numérique d’Esprit. Mais à l’occasion de l’actualité, on recherche dans les archives un texte qui mérite d’être relu, et nous le mettons en ligne avec une remise en contexte. Parallèlement, nous publions de plus en plus d’articles inédits en ligne, en accord avec les auteurs.?

Marc-Olivier Padis, directeur de la rédaction d’Esprit

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