Le sommet international sur le climat qui se déroulera en décembre à Paris est précédé d’une nuée d’ouvrages. En voici un rédigé sous la forme d’une enquête avec une volonté de prise de conscience. Elizabeth Kolbert a reçu le prix Pulitzer pour ce grand reportage qui nous parle de la sixième extinction. Les cinq premières furent le fait de la nature, comme l’astéroïde qui décima les dinosaures il y a soixante-six millions d’années. La sixième relève de l’homme depuis l’essor de l’industrialisation. A ce rythme, nous explique Elizabeth Kolbert, notre monde devrait mourir dans deux ou trois siècles.
Pour donner corps à sa démonstration, la journaliste, spécialiste de l’environnement au New Yorker, est allée à la recherche de treize espèces disparues comme la grenouille dorée du Panama, le mastodonte d’Amérique ou le grand pingouin d’Islande. En treize chapitres, elle revient sur l’histoire des sciences, convoque Cuvier, Darwin ou Lyell, interroge les scientifiques d’aujourd’hui et se rend dans la forêt humide d’Amazonie, au sommet d’une montagne au Pérou ou sur la Grande Barrière de Corail.
Dans cette nouvelle ère si peu respirable baptisée "anthropocène", les hommes sont non seulement les témoins mais les instigateurs de cette extinction par effondrement de la diversité. Certes l’homme est un terrible prédateur. Il l’a montré, y compris envers lui-même durant le XXe siècle. Mais certains soutiennent que l’ingéniosité humaine trouvera la solution au réchauffement climatique en modifiant les caractéristiques physiques de l’atmosphère. Peut-être en prenant conscience de l’urgence de la situation avant la catastrophe annoncée. C’est en tout cas le pari de cet essai. Laurent Lemire