Libraires mobilisés, lecteurs conquis

"Je referai une table à la rentrée, et je mettrai en frise dans la vitrine la BD de 7 m de long de Joe Sacco sur La Grande Guerre." Philippe Aubier, librairie Fontaine Haussmann, Paris. - Photo Olivier Dion

Libraires mobilisés, lecteurs conquis

Les libraires ne se plaignent pas de l’afflux de production, au contraire, et constatent l’intérêt du public, y compris pour des titres exigeants.

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Par Hervé Hugueny
avec Créé le 23.05.2014 à 02h34 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

A Blois, la ville du festival des Rendez-vous de l’histoire, la librairie Labbé préparait pour les prochains jours toute une vitrine sur le Débarquement. Olivier Labbé dispose de matériel et d’objets divers qui lui permettront de mettre les livres en scène, explique Béatrice Pierre, responsable du rayon histoire de la librairie : "Le thème a très bien marché pendant les fêtes, notamment les beaux livres dont nous avons réalisé tout un panneau." La fête des Pères, le 15 juin , devrait aussi encourager les ventes de ce rayon très masculin. Les 15 éditions du festival ont aussi aiguisé l’appétit des lecteurs locaux pour des sommes exigeantes, telles Les somnambules (Flammarion) ou La Première Guerre mondiale (Fayard). "Il y a une réelle curiosité en province, plus qu’à Paris", constate l’historien Jean-Noël Jeanneney, vu les nombreuses invitations que lui valent ses deux livres publiés sur la Grande Guerre.

"Il n’y a aucun rejet du public."

A Paris, Philippe Aubier, responsable de la librairie Fontaine Haussmann (8e arrondissement) et passionné d’histoire, a vendu quelque 150 exemplaires des Somnambules, "qui continue à sortir beaucoup. C’était une bonne idée de lancer une première salve assez tôt sur la Première Guerre mondiale. Et il n’y a aucun rejet du public, contrairement à ce que je craignais en raison de l’afflux de sujets dans les médias, et de publications dans l’édition", commente-t-il, intarissable sur le fonds qu’il a réuni en histoire et en littérature. "Je referai une table à la rentrée, et je mettrai en frise dans la vitrine la BD [7 m de long !] de Joe Sacco sur La Grande Guerre", prévoit-il.

A l’Historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme, Amélie Allou, responsable du point de vente, se reconnaît "assez débordée par l’afflux de livres et de visiteurs : c’est la course depuis notre réouverture le 1er mars". Son principal souci est de veiller aux réassorts pour éviter les ruptures de stock, en arbitrant entre les multiples références (DVD, gadgets, produits régionaux, vaisselle, etc.) qu’elle doit aussi faire tenir dans une boutique de 50 m2. Au Mémorial de Caen (Calvados), près des sites du 6 juin 1944, Pascal Brémenson, responsable de la librairie, dispose de plus de place, avec 230 m2, et de plus de moyens (5 personnes). "Le Mémorial reçoit habituellement 380 000 personnes par an. Nous en attendons 450 000 cette année, mais c’est une estimation prudente par rapport aux 500 000 de 2004", explique le libraire, qui a suivi l’évolution des nouveautés : "En BD et en jeunesse, la production a augmenté en quantité et en qualité. En histoire, les auteurs traitent maintenant de toute la bataille de Normandie, sans se limiter au seul Débarquement."

En Belgique, l’immense librairie Filigranes à Bruxelles s’est aussi focalisée tout d’abord sur le centenaire de la Grande Guerre dans plusieurs rayons, en raison de l’intérêt de son patron, Marc Filipson, pour l’histoire, et de la situation du pays, presque entièrement occupé de 1914 à 1918. "Mais à part quelques best-sellers, l’intérêt est resté relatif", estime Thomas Ferrando, un des libraires du rayon histoire. En jeunesse, les travaux scolaires ont porté la demande, constate Loïc Gaume. <

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