Avant-critique Roman

Guerre à Venise. Liliana Magrini (1917-1985) était vénitienne. À soi seul, cela suffirait à la définir. Même si elle a beaucoup fréquenté Paris (bilingue, elle écrivait en français, et a traduit en italien ses amis Louis Guilloux, Malraux, Camus...), et vécu un temps à Rome (où elle ne s'est jamais vraiment acclimatée), c'est à Venise qu'elle est née et est revenue mourir. Venise est l'épicentre de ses deux livres, Carnet vénitien (Gallimard, 1956, Serge Safran, 2021), et La vestale (Gallimard, 1953), son unique roman, sur lequel elle a travaillé longtemps. Écrit d'abord en italien (V.O. perdue) puis réécrit en français, il fut retravaillé par Guilloux, relu par Malraux et Camus, grâce auxquels il fut publié chez Gallimard. Non sans succès, mais totalement oublié depuis. Plus que l'intrigue, plus ou moins autobiographique, avec cette Elena un peu inconsistante, qui rejoindra la Résistance après la mort de son fiancé à la guerre, prise entre son frère Luca, taiseux mais homme de bien, Francesco, l'écrivain amoureux d'elle depuis ses 17 ans, et Martino, le jeune résistant accablé d'avoir exécuté un vieux boulanger soupçonné de collaboration avec les Allemands, la vraie héroïne du livre, c'est Venise en guerre. De 1943 à 1945, de la destitution de Mussolini à la Libération, en passant par l'Occupation, la république fasciste de Salo, et les déportations de Juifs à Auschwitz. En France, cette histoire est peu connue. Le roman de Liliana Magrini est le truchement idéal pour la découvrir.

Liliana Magrini
La vestale
Serge Safran éditeur
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 21 € ; 336 p.
ISBN: 9791097594633

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