"Il faut sauver le Salon du livre, l’arracher à la porte de Versailles et le ramener au cœur de Paris. […] Ce serait l’occasion de redéfinir sa mission et de montrer que le livre est un produit culturel qu’on doit célébrer comme tel dans un lieu approprié." Ces lignes, que nous écrivions en… 2004, pourraient être reprises telles quelles. Onze ans plus tard, dans les allées de Paris expo, à la porte de Versailles, le débat fait toujours rage, entre ceux qui estiment qu’il faut redonner au livre un écrin digne de lui - ne manquez pas de jeter un coup d’œil au dessin de Boll (page 24) - et ceux qui souhaitent garder la large audience populaire que lui confère le parc des expositions.
A l’ouverture du Salon, les premiers semblaient majoritaires. Et la plupart des exposants regardaient la manifestation comme si c’était la dernière en ces lieux. Quatre jours plus tard, la tendance s’était inversée et finalement, plus personne ne savait qu’en penser.
De fait, la manifestation a été chaleureuse et la baisse de sa fréquentation, estimée à 10 % par les organisateurs, moins importante que ce qu’on pouvait craindre compte tenu des élections départementales, de l’appréhension que pouvaient susciter les attentats de Charlie Hebdo comme ceux, tout récents, du musée du Bardo à Tunis et de la grève de Radio France qui a annulé les nombreux programmes prévus pour l’occasion. Pendant le week-end, un public familial et bon enfant a une nouvelle fois honoré le rendez-vous, avec un large prisme d’intérêts, allant de la jeunesse à l’essai d’actualité en passant par la BD et les derniers romans.
Chez les exposants, pourtant, depuis déjà plusieurs années, il manque le soupçon d’excitation qui transforme une manifestation sympathique en véritable événement. De ce point de vue, tous les professionnels sont unanimes : trente-cinq ans après sa première édition, le Salon doit renouveler sa formule. C’est plus compliqué qu’un simple déménagement. L’imagination doit prendre le pouvoir. Livres Hebdo est prêt à relayer les bonnes idées.