Lors du congrès annuel de l'Association des bibliothécaires de France (ABF), qui s'est déroulé du 20 au 23 mai à Tours sur le thème « Et si on parlait d'argent », Livres Hebdo a lancé le Grand prix 2010 des bibliothèques qui sera décerné pour la première fois en décembre prochain.

A travers le Grand prix Livres Hebdo des bibliothèques, notre magazine professionnel entend donner une visibilité aux efforts des bibliothèques publiques pour dynamiser et diversifier la fréquentation de leurs établissements. Quatre types d'initiatives - l'innovation, l'accueil, l'animation et l'espace intérieur - seront couronnées, sur dossier, tandis qu'un grand prix du jury récompensera la bibliothèque, avec l'ensemble de son équipe, qui rassemblera ces qualités dans le souci de la meilleure adéquation possible de ses services avec la population qu'elle dessert (voir LH 822 du 21.5.2010, p. 47).

Des dossiers de candidature seront proposés très prochainement dans le magazine et sur le site livreshebdo.fr.

A Tours, dans le beau Palais des congrès signé par Jean Nouvel, les bibliothécaires ont débattu principalement du thème de l'argent sous toutes ses formes : quelle dépense pour les personnels ? Pour ou contre la gratuité ? Comment mieux maîtriser la très complexe règlementation des marchés publics pour l'acquisition de documents et travailler avec les libraires locaux ?

Un atelier qui rassemblait à la tribune représentants des collectivités, bibliothécaires et libraires a été particulièrement suivi et commenté, avec une question qui courait tout au long du débat : comment concilier les deux logiques paradoxales que sont le soutien à l'économie du livre et le réseau des libraires d'un côté, et le code actuel des marchés publics qui transforme en mission impossible la participation des collectivités publiques à ce soutien ?

Lors d'une session sur la place et le poids des bibliothèques dans le marché de la librairie, où malheureusement l'assistance fut peu nombreuse, ont été livrés les premiers résultats d'une enquête du Service du livre et de la lecture sur les effets du plafonnement des remises aux collectivités (loi sur le droit de prêt du 18 juin 2003) pour la période 2003-2007, qui montre que ses conséquences sur la librairie sont positives, puisque la présence des libraires (par rapport aux grossistes, grandes surfaces et autres types de fournisseurs) est passée de 77 % avant 2003 à 90 % aujourd'hui.

Les deux libraires présents à la tribune - Jean-Marie Sevestre (Sauramps, à Montpellier) et Matthieu de Montchalin (L'Armitière, à Rouen) - ont cependant tempéré ces résultats : « Je crains que les années qui viennent n'infirment ces données, a déclaré Jean-Marie Sevestre. Le poids des bibliothèques chute chez nous depuis 2003 : 17 % de notre CA en 2003, 15 % en 2006 et 13 % en 2007 et 2008. » Matthieu de Montchalin, qui voit lui aussi baisser son chiffre d'affaires avec les collectivités, s'est voulu néanmoins volontariste : « Nous avons des objectifs communs, libraires et bibliothécaires, et pas seulement pour des raisons financières, a-t-il dit aux participants. Je propose de trouver un moyen, un lieu, un cadre de formation pour mieux nous entendre, comprendre les métiers des uns et des autres et faire progresser nos relations. »