2 mai > roman France

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Le narrateur du nouveau livre de Gilles Sebhan a 9 ans en 1976, l’année de la canicule. Il est alors élève au collège, au bout du chemin, dans une banlieue parisienne. Sa sœur Martine, son aînée de sept ans, a joué dans sa prime jeunesse « le rôle de maman en second ». A 16 ans, la voici qui s’est mise « à porter des chemises d’homme, à s’enfiler des épingles à nourrice un peu partout, et se barbouiller les yeux de noir ». Pour ne rien arranger, mademoiselle veut se rebaptiser « magic vomit » et se fait embrasser par des garçons.

Deux ans plus tard, après avoir raté son bac, Martine part en séjour linguistique chez sa correspondante Judy dans une petite ville verdoyante de la banlieue londonienne. Sur le ferry, elle a fait la connaissance d’un certain Neville Brody, un étudiant en arts plastiques qui n’a pas encore fait parler de lui en tant que graphiste. Celui-ci l’entraîne ensuite, puisque le séjour va durer des années, dans un squat près de Covent Garden, au cœur du London WC2 d’où Martine envoie à sa famille des lettres parfumées « alternativement d’essence de patchouli et de jasmin ».

Pour gagner sa vie, sœurette est d’abord serveuse dans des pubs. Puis employée dans plusieurs boutiques comme celle située sur King’s Road « où on imprimait des T-shirts noirs avec des transferts agressifs tandis que crépitait l’hymne des Clash : London Calling ». Boutique dont les clients d’alors semblent êtres « des garçons aux cheveux ras, aux corps secs et ravagés d’acné, au beau sourire de voyou et à l’accent cockney ».

Plus tard, son petit frère aura lui aussi un correspondant anglais. Un fan de pop dont le père travaille à la Pan Am. L’occasion de traverser à son tour la Manche… Déjà remarqué avec des romans - La dette (Gallimard, 2006) ou Fête des pères (Denoël, 2009) - et des récits - Tony Duvert, l’enfant silencieux (Denoël, 2010) et Domodossola, le suicide de Jean Genet (Denoël, 2010) -, Gilles Sebhan revient ici sur sa jeunesse. Un temps de la découverte et de l’inachèvement dont il restitue l’atmosphère avec beaucoup de sincérité et de justesse.

Alexandre Fillon

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