Le pot-au-feu de canard à la citronnelle affiché au restaurant gastronomique provençal du Mas des collines « aurait dû être classé à plus de six degrés sur l'échelle des risques alimentaires et proposé en rouge sur la carte pour bien indiquer qu'il était interdit à ceux dont le taux de mauvais cholestérol ou la glycémie à jeun dépassaient les normes sur leur fiche d'identification médicale et aux pauvres gars qui avaient perdu des points sur leur permis de table ». Nous sommes en juin 2044 et manger est devenu une activité sociale très contrôlée. Nos derniers festins, qui marque le retour de l'épicée Chantal Pelletier dans la « Série noire», imagine une société de prohibition où les enjeux liés à la nourriture sont exacerbés : des sectes intégristes organisent des actions violentes, mafias et trafics pullulent dans une florissante et dangereuse économie parallèle. Dans ce contexte, le jeune cuisinier d'un restaurant clandestin est assassiné, alors qu'il préparait une blanquette de veau, un plat interdit. Au-delà de l'enquête qui implique deux contrôleurs alimentaires et une chef cuisinière, Chantal Pelletier qui croise une nouvelle fois sa passion pour la gastronomie et le roman noir, plaide avec sa verve coutumière, pour la « liberté d'assiette ». C'est à la fois cru, absurdement comique et un peu angoissant.  Véronique Rossignol