28 OCTOBRE - BD France

Photo MARTIN VEYRON/DARGAUD

Un marivaudage, des vaudevilles multiples, en piles... Avec Marivaudevilles de jour, Martin Veyron annonce la couleur. Deux ans après le très fort et personnel Blessure d'amour-propre, l'auteur de Bernard Lermite et de L'amour propre ne le reste jamais très longtemps retrouve un ton plus léger, sans pour autant perdre le fil de ses obsessions. Livrés bruts, dans toute leur petitesse, pulsions, hypocrisies, incompréhensions et malentendus qui imprègnent les relations amoureuses et sexuelles sont disséqués au travers de dialogues crus, taillés au scalpel, dont l'humanité ne sort, comme toujours chez Veyron, pas grandie.

Sous les toits et dans les rues de Paris, au jardin du Luxembourg, dans un hôtel, un café, un restaurant ou un musée d'art contemporain, des hommes et des femmes se croisent, se parlent, se séparent en seulement quelques cases, ou parfois un peu plus si affinité. Le dessinateur, qui fut aussi cinéaste, procède par un long plan-séquence qui fait de son album le plus cinématographique de tous ceux qu'il a réalisés. Il fait passer son regard d'un couple à l'autre au hasard de rencontres qui s'enchaînent comme dans cette comptine pour enfants : "Marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course..." Déplaçant à peine son oeil-caméra, il change simplement de focale et réoriente son micro pour glisser d'un sujet à l'autre, substituer un dialogue au précédent. Il livre ainsi de courtes tranches de vie, des morceaux de conversations sans début ni fin, qui rebondissent les unes sur les autres, accompagnant des personnages sans cesse en mouvement.

Une femme se réveille au matin sans souvenir de la veille dans le lit d'un homme qui lui apparaît comme inconnu, une autre insulte son mari qui part travailler, un aveugle drague une passante avant qu'une glissade sur une crotte de chien ne provoque une succession de quiproquos, un homme propose de secourir une amie à court d'argent en échange de ses faveurs, un autre qui va mourir annonce à sa femme qu'il l'a trompée... D'une saynète inachevée à l'autre, Martin Veyron transmet sa vision désenchantée des relations hommes-femmes. > est une ritournelle tendre et presque désespérée si elle n'était d'abord cocasse. Une ronde qui tourne en boucle, comme une danse folklorique... ou un disque rayé.

Les dernières
actualités