ÉDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Trois petits cochons perplexes devant un loup non moins perplexe, et en légende : "L'accord entre Google et les éditeurs français, c'est un peu l'alliance du grand méchant loup et des trois petits cochons ». Comme d'habitude, notre dessinateur Boll résume avec humour (page 11) ce que chacun pense tout bas.

Photo OLIVIER DION

L'accord passé avec Google autour des oeuvres qui ne sont plus commercialisées - "les épuisés" dans le jargon professionnel - est légitimement salué comme une avancée par les éditeurs. Il met fin à la procédure pour contrefaçon engagée contre le moteur de recherche d'abord par le groupe La Martinière, puis par le Syndicat national de l'édition et la Société des gens de lettres. Un différend qui durait depuis plus de six ans.

Par cet accord, le moteur de recherche accepterait de se rapprocher de la législation française sur le droit d'auteur en ne numérisant les oeuvres françaises qu'avec l'aval des éditeurs qui en détiennent les droits. Sur le papier, l'accord paraît séduisant. Il a en tout cas indéniablement une portée symbolique.

Malheureusement, on ne connaît pas précisément le texte de l'accord-cadre qui sera soumis aux éditeurs, Google prévoyant de ne le diffuser qu'à ceux qui souhaitent travailler avec lui, ni les conditions financières proposées. Pour entrer en vigueur, cet accord devra s'appuyer sur des listes de livres qui ne sont plus commercialisés, établies d'un côté par l'éditeur et de l'autre par le moteur de recherche. Un système complexe, que contestent déjà une partie des auteurs.

Autant de raisons qui incitent les éditeurs à rester vigilants à l'égard de ce très puissant partenaire. Mais comme dans tout mariage de raison, chacun y trouve son compte. Google a indéniablement besoin des contenus que peut lui apporter l'édition française pour nourrir son moteur de recherche. De leur côté, les éditeurs espèrent bien, alors que Google doit ouvrir sa librairie numérique cet été, affaiblir ainsi le leadership d'Amazon sur la vente des livres numériques.

En espérant que le grand méchant loup ne les mangera pas.

07.10 2014

Les dernières
actualités