Phénomène : Amour libérateur
Sur un thème éternel, le philosophe Robert Misrahi a gardé, à 88 ans, toute sa fraîcheur et montre de réelles qualités de pédagogue.
Après Un été avec Montaigne, best-seller de l’année 2013, les lecteurs plébiscitent à nouveau un ouvrage de philosophie, La joie d’amour : pour une érotique du bonheur de Robert Misrahi, paru chez Autrement le 22 janvier dans la collection dirigée par Michel Onfray, "Universités populaires & Cie". Publié avec un premier tirage de 5 000 exemplaires, il s’inscrit en 11e position de notre palmarès des meilleures ventes d’essais et vient d’être réimprimé à 4 000.
Robert Misrahi, spécialiste de Spinoza, qui a enseigné pendant trente ans la philosophie de l’éthique à l’université de Paris 1, a écrit un livre sérieux. La joie de l’amour n’est pas un manuel d’art de vivre avec des recettes pour affronter les petits soucis quotidiens, mais bien une réflexion sur "une philosophie de l’amour […], une doctrine explicite, réfléchie et structurée des contenus et des significations de l’amour désirable", écrit-il, convoquant Kierkegaard, Sartre et Jankélévitch.
La morale, le devoir, la faute et le regard social, le désir, le secret : les thèmes sont philosophiques, mais Robert Misrahi sait les mettre à la portée de tous, s’appuyant sur des exemples personnels ou des situations tirées de la littérature et de la philosophie (le papillonnage de Victor Hugo, l’amour courtois médiéval). Peut-on éviter la lassitude ou la jalousie dans le couple ? Comment ne pas se sentir coupable ou trahi ? Le rapport de domination est-il inévitable dans la relation amoureuse ? Amour et bonheur sont-ils compatibles ? Pour Robert Misrahi, notre conception de l’amour est vouée à l’échec parce qu’elle repose sur la souffrance et l’idée de la mort. Il lui préfère une "érotique du bonheur" fondée sur la liberté et l’humour, deux notions qui définissent avant tout notre humanité.
C’est la performance de Robert Misrahi à l’émission de François Busnel "La grande librairie", le 30 janvier sur France 5, qui a fait décoller les ventes et prouvé que le public avait de l’appétence pour la philosophie et la littérature. Michel Onfray devrait s’y engouffrer au printemps avec sa Contre-histoire de la littérature en six volumes, dont le premier, Le réel n’a pas eu lieu, consacré à Cervantès et Don Quichotte, est annoncé pour avril dans sa propre collection.