"Ce sera l'événement historique d'Egypte le mieux documenté", affirme Khaled Fahmy. A la tête d'un groupe de bénévoles, cet universitaire égyptien, actuellement directeur du département d'histoire de l'université américaine du Caire, s'est lancé dans un ambitieux projet, soutenu par la Bibliothèque nationale égyptienne et l'organisation des Archives d'Egypte : rassembler le plus grand nombre de documents possibles témoignant de la révolution du 25 janvier. Un travail aux enjeux essentiels, dans un pays où l'histoire avait jusqu'à présent tendance à être dictée plutôt qu'étudiée librement. Lors de la révolution de juillet 1952 menée par Nasser, un comité unique avait eu pour charge de relater les événements. "Encore aujourd'hui, nous ne pouvons pas savoir ce qui s'est réellement passé car les informations, en dehors de l'histoire officielle, ont été perdues, relève Khaled Fahmy. Nous voulons éviter que cela se reproduise." Les bénévoles - historiens, anthropologues, spécialistes de sciences politiques - ont donc pour mission de collecter tous types de documents, y compris les témoignages oraux, les blogs, les messages envoyés sur Facebook et même les tweets. Ces ressources, datées et identifiées, seront rassemblées sur un site Internet qui constituera une gigantesque bibliothèque de la révolution. D'autres institutions, en particulier la Bibliotheca Alexandrina et l'université américaine du Caire, ont entrepris des tâches semblables. Mais le projet en cours s'en différencie dans son ambition de rendre ces informations largement accessibles à tous sur un site Web attractif.