Dans son numéro du vendredi 4 janvier 2013, Livres Hebdo publie les tribunes de Frédéric et Jean-Pierre Delbert, de la librairie Martin-Delbert à Agen, et du Syndicat des distributeurs de loisirs culturels (SDLC), qui entendent sensibiliser les lecteurs et les citoyens contre les pratiques d'Amazon, au moment où, en Grande-Bretagne, l'opinion s'indigne des pratiques du géant de la vente en ligne.
Libraires indépendants et enseignes dénoncent la communication tous azimuts d'Amazon et l'attitude jugée ambigüe des pouvoirs publics à son égard. Frédéric et Jean-Pierre Delbert jugent ainsi qu'«il est temps de dénoncer ce qui est une véritable imposture et de dire à nos consommateurs de livres: n'achetez surtout pas chez Amazon mais chez votre libraire! Et vous y gagnerez énormément!»
«Toute commande effectuée sur le site de ce cybermarchand diminue indirectement la recette fiscale locale, donc augmente vos impôts locaux et diminue également la recette fiscale du pays puisque cette société, dont le siège européen est basé au Luxembourg, paie une part infime de l'impôt sur ses bénéfices en France, grâce à une optimisation fiscale extrêmement sophistiquée. Et pourtant, malgré ce comportement peu éthique, l'implantation du dernier site d'Amazon à Chalon-sur-Saône en France est subventionnée par nos élus locaux à des taux stupéfiants», argumentent les libraires d'Agen.
Ces aides publiques, annoncées alors que le fisc français réclame 198 millions d'euros à Amazon, excèdent aussi les membres du SDLC. Les présidents d'Actissia (Chapitre), Cultura, Decitre, Le Furet du Nord, Starter et Virgin Megastore, se disent «révoltés par ce discours parfaitement contradictoire des pouvoirs publics.»
«Ces subventions, payées par le contribuable, ont vocation à procurer à cette entreprise un réel avantage sur ses concurrents en ligne pour la vente de produits culturels», estiment-ils. «Or, loin de constituer un modèle vertueux, c'est bien la conjonction du bénéfice de schémas d'optimisation fiscale mis en place par certains Etats membres de l'Union européenne, d'une part, et de la pratique du dumping sur les prix des produits vendus, d'autre part, qui a constitué la puissance d'un tel groupe en Europe. Comment peut-on raisonnablement financer la création d'emplois sur fonds publics d'une entreprise qui ne paie pas ses impôts en France? », protestent les membres du SDLC.