4 avril > Roman France

Ça commence par un carambolage sur une autoroute, auquel le héros survivant et narrateur du roman, Vincent Coste, assiste, tout en se demandant comment il a pu en être responsable et en arriver là, à se laisser entraîner dans une dérive sanglante, une cascade de coups foireux, une échappée moche à travers la France, passager d’un nombre hallucinant de véhicules volés par son compagnon, son complice, un certain Carell Lanusse. Flash-back.

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Vincent, 41 ans, pianiste de jazz raté et ex-futur dentiste, vient d’être viré par Marie, la mère de sa fille, Léa. Pour survivre, il distribue des prospectus pour un grossiste. C’est là qu’il fait la connaissance de Carell, semi-débile mais vrai voyou, un ancien taulard, l’Einstein du vol de voitures. Croyant, fan de Johnny, confondant Gandhi et Mandela, il entre par effraction dans la vie d’un Vincent déboussolé qui ne sait pas dire non, devenant à la fois le chef de leur gang et son chien de garde musclé. Voici les deux pieds nickelés embarqués dans une avalanche de mésaventures tragicomiques : en brûlant leurs prospectus, ils font cramer une pinède, piquent une voiture de gendarmes, sont suivis par des gens bizarres, dont une « Kawa verte » conduite par une infirmière moche - qui suffira cependant à la misère sexuelle de Carell -, laquelle travaille pour une secte apocalyptique, les Nabiri, dont le grand-maître les fait pourchasser par ses sbires… Vincent, pris au jeu, tente d’expliquer ce que c’est que l’éthique à son partenaire, lequel s’obstine à vouloir cambrioler la banque de Donzère (Drôme) !

On pressent dès le début que cette randonnée godardienne ne peut que mal se terminer. Carell est un desperado, une tête brûlée qui n’a plus rien à perdre. Vincent, lui, est récupérable. Si seulement Marie acceptait de le reprendre… Dans son immaturité, il vit tout ça comme « 4 000 kilomètres de récréation », avant de se voir rattrapé par son destin. Ou plutôt leur destin, puisque est née entre les deux héros, au fil des pages, une forme de complicité, de fraternité virile, presque d’amour. Carell finit par devenir émouvant, et c’est là une des belles réussites du roman de Sébastien Gendron. Comme l’auteur est aussi réalisateur, on imagine aisément qu’il songe à adapter à l’écran son Road tripes, qui ferait un excellent road movie made in France. J.-C. P.

11.10 2013

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