Dans le nord de Londres, deux femmes, Nina et Emma, se connaissent, peut-être se reconnaissent. L’une a tout ce que l’autre ne s’autorise plus à posséder. A la première, Nina, peintre reconnue, mariée à un architecte, mère d’une ado née d’un premier lit, la séduction immédiate, l’aisance sociale, le succès. A la seconde, Emma donc, les mornes compromis du quotidien d’une jeune femme ayant sacrifié sa vie professionnelle de journaliste à la télévision pour celle de "desperate housewife", mère de deux enfants en bas âge et épouse d’un homme gentil et indifférent. Au fil des jours, Nina va s’évertuer à se rendre indispensable à Emma. Pourquoi ? Quel terrible souvenir est à la source de cette amitié ? Quelle vengeance, quelle souffrance, naîtra de ce huis clos bientôt étouffant ?

Ce petit théâtre de la cruauté est celui d’Elle, le deuxième roman d’Harriet Lane. Le premier, Le beau monde (Plon, 2012, réédité chez Pocket), récit de l’ascension d’une fausse ingénue dans le monde littéraire londonien, lorgnait du côté du All about Eve de Mankiewicz. Cette fois-ci, il conviendrait plutôt de se référer dans la filmographie du maître au Limier et à son terrifiant jeu de cache-cache entre deux protagonistes qui ne sont jamais tout à fait ce qu’elles paraissent être. En tout cas, avec Elle, thriller psychologique de haute tenue, Lane confirme qu’elle est bien la contemptrice sévère des travers de la foire aux vanités du Londres des années 2010 et de ses "beautiful people". On n’est pas très loin du sens moral sarcastique d’une Patricia Highsmith. C’est dire combien la terreur ici voisine avec la beauté. Olivier Mony

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