Le Festival de Cannes, par ailleurs le marché du film le plus important au monde par sa fréquentation et le montant des transactions, n’a pas lésiné sur les annonces cette année. A commencer par Tintin, produit par Steven Spielberg. Un communiqué nous a appris qu’il s’agirait d’une trilogie, dont les deux premiers épisodes seraient réalisés par Steven Spielberg lui-même et Peter Jackson (Le seigneur des Anneaux), sous forme de dessins animés en 3D utilisant une technologie où le jeu des acteurs est capturé par des logiciels informatiques et animés simultanément.
Les BD sous divers formats
Lucky Luke sera adapté en fiction classique, interprété par Jean Dujardin dans une réalisation de James Huth (Brice de Nice). Blacksad, de Juan Diaz Canales (Dargaud), sera filmé par Louis Leterrier. Quant à Joann Sfar, il a profité de son séjour à Cannes comme dessinateur pour le Festival, pour lancer Autochenille Production, et ainsi adapter lui-même Le chat du rabbin (Dargaud) pour le grand écran. Mathieu Kassovitz a amorcé la production de La Bête, son premier dessin animé, d’après La bête est morte (Bernard Calvo, Gallimard Jeunesse). Le scénario sera coécrit avec Jean-Claude Carrrière. Enfin, côté américain, Radical Publishing a signé un contrat avec Blatant Pictures et Intandem Films pour porter à l’écran ses publications – Legends (de Nick Percival) et Medieval (de Ian Edgington) dans un premier temps.
Les biographies en vedette
Avec les triomphes en salles de Truman Capote, Edith Piaf et Ray Charles, il fallait s’attendre à une déferlante d’annonces dans ce genre spécifique appelé communément « biopic ». Un portrait des écrivaines, Charlotte, Emily et Anne Brontë, réalisé par Charles Sturridge, a été mis en production. Challenging Heaven sera l’adaptation coûteuse de deux livres Mao de Philip Short (Fayard) et The Man who stayed behind de Sidney Rittenberg retraçant l’ascension au pouvoir de Mao Tsé-Dong.
Mais la grande vedette de la Croisette s’appelait Mademoiselle Coco Chanel. Trois films ont été mis en route. Le projet d’Anne Fontaine, avec Audrey Tautou, sera librement adapté de la biographie d’Edmonde Charles-Roux, L’irrégulière (Grasset) par le scénariste des Liaisons dangereuses, Christopher Hampton. William Friedkin a préféré le livre de Chris Greenhalgh sur les amours de Coco Chanel et Igor Stravinsky. Enfin Danielle Thompson écrirait elle-même un film sur la styliste.
Best-sellers confirmés pour le grand écran
Le week-end Osterman, de Robert Ludlum (Robert Laffont) sera l’un des fers de lance de la nouvelle alliance entre Summit Entertainement et SND (groupe M6). L’auteure pour la jeunesse d’origine australienne Wendy Orr verra l’une de ses œuvres portée à l’écran grâce à l’appui de Jodie Foster qui a facilité le montage financier de Nim’s Island. Du même côté de la planète, la réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro adaptera La veine du Vigneron d’Elizabeth Knox (Le fil invisible), avec Gaspard Ulliel dans le rôle principal. StudioCanal a confirmé qu’il aiderait l’indépendant Haut et Court à produire La poursuite du bonheur, de Douglas Kennedy (Belfond). La réalisation sera confiée à Oliver Assayas.
Par ailleurs, Bernard Henri Lévy et sa société Les Films du lendemain produira les prochains films de Raoul Ruiz et Bertrand Bonello. Le très courtisé Julien Leclercq, qui vient juste d’achever son premier film, a lancé son nouveau projet, La forêt des ombres, de Franck Thilliez (Le passage). Enfin Patrice Leconte ferait un remake américain de son propre film Monsieur Hire (d’après Georges Simenon) avec un scénario signé Paul Auster.
Des écrivains derrière la caméra
Le festival de Cannes a aussi déclenché le compte-à-rebours pour trois projets d’écrivains.
Il y eut une grosse campagne de pub pour présenter le prochain film de Josiane Balasko, Cliente (interprété par Nathalie Baye). Ironie du sort, le livre paru chez Fayard en 2004 avait été écrit par la cinéaste faute d’avoir pu réunir le budget du film sur ce sujet.
L’agent François Samuelson (Intertalent) a déclaré que Marc Dugain réaliserai lui-même l’adaptation de la première partie de son livre, Une exécution ordinaire (Je ne suis pas Joseph Staline), Grand prix RTL 2007, publié chez Gallimard.
Un autre écrivain passe derrière la caméra. Amanda Sthers prépare son premier film, une comédie romantique, Je vais te manquer (avec Jean-Pierre Marielle, Virginie Ledoyen, Pierre Arditi et son mari Patrick Bruel).
Quelques événements qui auront des conséquences
L’auteur Michel Houellebecq est déjà en tournage. La possibilité d’une île a profité de l’irruption de l’opérateur téléphonique Orange dans le domaine de la production, par l’intermédiaire de sa filiale Studio 37, qui financera une partie du film de l’auteur.
Parmi les autres événements de la Croisette, notons la projection très bien accueillie de l’adaptation du livre de Mariane Pearl (Un cœur invaincu, Plon), avec Angelina Jolie. Pour quelques privilégiés, il y eut la présentation de vingt minutes du film de Chris Weitz, A la croisée des deux mondes : la boussole d’or (qui sort dans les cinémas le 7 décembre). Le best-seller fantastique de Philip Pullman (Gallimard Jeunesse) compte sur son générique (Nicole Kidman et Daniel Craig) pour séduire les spectateurs.
Enfin le jury a récompensé l’écrivain Chang-dong Lee (en primant l’actrice de son film), le livre de Jean-Dominique Bauby, Le scaphandre et le papillon (avec le prix de la mise en scène) et surtout Persépolis, véritable coup-de-cœur des festivaliers. Marjane Satrapi et Vincent Parronaud, auteurs et bédéistes, ont réussi leur pari et empoché le Prix du jury. Le film, qui sort le 23 juin, devrait facilement attiré un million de curieux dans les salles. Au minimum.