Excellente nouvelle : Olivier Truc réactive sa formidable police des rennes, mise en scène dans Le dernier Lapon (2012), Le Détroit du Loup (2014) et La Montagne rouge (2016). Le journaliste, spécialiste des pays nordiques et baltes, est de retour en Laponie, territoire transnational s'étendant sur une partie de la Norvège, de la Finlande, de la Russie et de la Suède. La Laponie doit sa géographie à l'appétit des bêtes : les rennes du Grand Nord, menés par le peuple sami, savent d'instinct où se trouvent leurs pâturages ancestraux. Seulement voilà : les animaux norvégiens n'ont pas le droit de brouter le lichen russe.

Cet « incident diplomatique » est le point de départ des Chiens de Pasvik. Convoquant son duo d'enquêteurs, Klemet et Nina, désormais séparés (lui officie toujours à la police des rennes, elle dans un autre commissariat), Olivier Truc aborde l'épineuse question des frontières de la Laponie, déchirée entre des pays mal rabibochés après les guerres du siècle dernier, confrontée à l'urgence du réchauffement climatique et mise à mal par la mondialisation - les Chinois veulent manger de la langue de renne, les Français utilisent du lichen russe pour décorer leurs sapins de Noël et les mafias se chargent de combler les appétits internationaux, au détriment de la nature sauvage. À mille lieues du « roman de journaliste », l'œuvre d'Olivier Truc réchauffe sa science au feu de personnages complexes et émouvants, qui lui donne le parfum des grandes et belles fictions.