C'est une véritable révolution copernicienne que vient de vivre le prix de Flore. En remettant son prix 2012 à Zénith-Hôtel, premier livre d'un jeune romancier de vingt-trois ans, Oscar Coop-Phane, le plus «parisien» des prix littéraires d'automne est aussi le premier à récompenser un «petit» éditeur, installé en province, les bordelaises éditions Finitude.

Il aura fallu, pour faire ainsi le choix le plus inattendu qui soit, trois tours au jury présidé par Frédéric Beigbeder ; Oscar Coop-Phane obtenant neuf voix contre cinq à Anne Berest et ses Patriarches (Grasset). Les tours de scrutin précédents, Anne Serre, Aurélien Bellanger et Philippe Djian ont également obtenu des suffrages.

à dire vrai, le dit-jury semblait à l'issue du vote presque abasourdi par sa propre audace, s'enquérant ici et là du pedigree des éditions Finitude et plus encore de celui du lauréat. Sa bonne mine, son jeune âge et, ironie du Flore en quelque sorte, sa profession de serveur de café, achevait de les convaincre de la pertinence de leur choix.

Au-delà de l'anecdote, si plaisante soit-elle, c'est d'abord la force et la belle intensité d'un texte comme innervé par ceux des aînés Emmanuel Bove et Eugène Dabit, repéré d'abord lors de sa parution ce printemps par Jérôme Garcin dans les pages du Nouvel Observateur, qui est récompensé. Emmanuelle et Thierry Boizet, à l'annonce du prix venant récompenser vingt ans d'un travail dont la qualité est louée par tous, ne cachaient ni leur joie ni leur émotion, mais prenaient soin de préciser que toutes les mesures de réassort et l'impression d'un bandeau étaient déjà prises. N'empêche, après Emmanuelle Pireyre et Scholastique Mukasanga, cette saison des prix nous a un petit air d'inattendu vraiment pas désagréable.