Le nouvel observateur. Un humoriste se doit de porter sur son temps un regard à la fois observateur et ironique, voire critique, et d'en rendre compte avec verve. C'est ce que fait ici Pascal Fioretto, auteur de l'inoubliable Et si c'était niais, avec la complicité de Stéphane Trapier, dont les dessins rappellent un peu la patte de Martin Veyron. Rien d'étonnant, certains chapitres de ce livre sont déjà parus dans Fluide Glacial.
En vingt-huit épisodes non classés par ordre alphabétique, cet « abécédaire déconstruit » s'en donne à cœur joie, dans un jeu de massacre amusé. Il faut dire qu'il y a de quoi, notre pauvre époque affolée ne craint pas le ridicule : collapsologues et survivalistes, bobos du Perche avec leurs « volets peints en gris Ramatuelle et leurs portes en bleu Sarah Lavoine », copines en burn out, nouveaux touristes « zéro bilan carbone », jeunes chefs restaurateurs précieux ridicules (et dispendieux), charabia féminisé à outrance et inclusif avec ses « collabotes » et « pigistesses », trissotins de l'art contemporain jusqu'à Coulommiers, et même la propre nièce de l'auteur, qui parle en amerloque et en növlangue, chacun en prend pour son grade, c'est bien fait et c'est très drôle, dans un style savoureux.
Au détour d'une page, Fioretto y parle de lui et de sa femme, M., partis s'installer en Île-de-France, loin de Paris (« Babylone-sur-Seine »), couler une vieillesse heureuse avec leur fils adoptif, Gino : un chien. Sans doute un Jack Russell.
Petit abécédaire de l'apocalypse heureuse
Hérodios
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 20 € ; 140 p.
ISBN: 9782940666584