5 février > roman France

De Paul Gauguin, Bertrand Leclair avait présenté les puissants Racontars de rapin au Mercure de France. C’est à une autre période du peintre qu’il s’attache pour l’heure, dans un volume à paraître dans la collection "Un endroit où aller" d’Actes Sud, Le vertige danois de Paul Gauguin. Un roman qui relate un séjour ressemblant à "une tentative d’exorcisme".

En l’année 1885, Gauguin est encore bien loin de la Maison du jouir et des Marquises. Ancien marin qui a passé six ans en mer et devenu courtier en Bourse, cet homme multiple de "quasi trente-sept ans", qui a également collectionné les tableaux des impressionnistes, s’est installé dans un "maudit pays". Le Danemark, où il a rejoint sa femme et ses cinq enfants - quatre garçons, dont le petit dernier Pola, et une fille, Aline.

A Copenhague, Mme Gauguin, Mette, a retrouvé sa mère et sa sœur. La famille s’est installée en plein cœur touristique. Entre Mette et Paul, "l’amour a tourné, du vrai vinaigre ces temps-ci", rappelle Bertrand Leclair. A bout de courage et de ressources, Gauguin est bien décidé à vivre de sa peinture et s’essaye à l’autoportrait. Mette donne des leçons de français à de jeunes élèves se destinant à des carrières diplomatiques. Elle cantonne son époux au grenier et, surtout, "exige qu’il arrête avec cette saleté de peinture, qu’il renonce au nom de ses enfants, de la morale, du monde entier qui n’en veut pas, de sa passion pour la peinture"… Très documenté sur son sujet, l’auteur de L’invraisemblable histoire de Georges Pessant (Flammarion, 2010) et de Malentendus (Actes Sud, 2013) redessine avec une écriture nette et limpide le premier exil d’un Gauguin tiraillé entre deux exigences contradictoires et incompatibles.

Un artiste bouillonnant qui se cherche, doit composer avec son besoin absolu de création et l’hostilité du monde qui l’entoure (aussi bien la critique que sa famille) pour devenir le Gauguin mémorable appelé à marquer l’histoire de la peinture. Al. F.

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