Platon La Gaffe : survivre au travail avec les philosophes, signé par Charles Pépin et Jul, fait son entrée dans le Top 20 à la 17e place. Tiré au départ à 50 000 exemplaires, il a été réimprimé deux fois à 15 000 et atteint un tirage total de 80 000. Cet album atypique, mêlant BD et courts textes, initiation amusante à la philosophie et description humoristique du monde du travail, est la surprise de cette fin d’année.

Platon La Gaffe (en référence au Gaston de Franquin), met en scène le jeune Kevin Platon, gaffeur comme son illustre modèle, en stage chez Cogitop (Société à Rationalité Limitée). Chez Jul et Charles Pépin, le DRH s’appelle Frédéric Nietzsche, le chargé de la surveillance et de la sécurité a pour nom Michel Foucault, la secrétaire de direction est Thérèse d’Avila, et le conseiller de la direction Nicolas Machiavel, tandis que le patron se nomme bien sûr Jean-Philippe Dieu. L’open space, le « friday wear », le pot de départ… le quotidien de l’entreprise est illustré par Jul dans de petites saynètes que les textes de Charles Pépin éclairent à travers la pensée des philosophes. Ainsi on apprend que la tyrannie de l’urgence, bien présente dans le monde du travail, est au cœur de la querelle entre Nietzsche et Hegel, ou que l’obéissance en entreprise place chacun dans une position pascalienne.

C’est la seconde collaboration de Jul, normalien et auteur des quatre volumes de Silex and the city (300 000 ventes) qui ont donné naissance à un programme court de 3 minutes diffusé sur Arte, et de Charles Pépin, agrégé de philosophie et chroniqueur à Philosophie magazine. Leur précédent album, La planète des sages, une introduction aux grands penseurs du monde entier, s’est vendu à 140 000 exemplaires.

L’alchimie du succès tient à la fois au sérieux du sujet philosophique et à l’humour du traitement (Diogène nu en « friday wear »). Sous une apparente et amusante légèreté, avec l’entreprise pour fil conducteur, les auteurs n’oublient jamais la philosophie. Ils la désacralisent, l’introduisent dans notre quotidien pour mieux la pratiquer. A l’image de la dernière scène de l’album montrant la file d’attente devant « Acropôle-Emploi » : « Mais il y a probablement pire que le travail : ne pas en avoir », rappelle le texte. Une vérité essentielle et… une réflexion de philosophe.

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