C'est un plateau exceptionnel, composé de Paul Auster, Enrique Vila-Matas et Emmanuel Carrère que plus de 500 personnes sont venues découvrir lors d'un débat organisé samedi à 15 h sur le Pavillon des trente ans du Salon du livre de Paris.

Le thème, “Ecrivains en terre inconnue”, n'a nullement été traité puisque l'échange a très vite tourné, au contraire autour d'une terre connue des trois auteurs, celle “du goût pour l'ambiguïté constante face à la réalité”, qu'a évoquée dans un français parfait Paul Auster.

“Nous sommes trois écrivains très différents, mais l'aspect sans cesse double de la réalité, l'ambiguïté de l'identité de nos personnages est un biais qui lie nos oeuvres”, a souligné Enrique Vila-Matas, qui cite abondamment Paul Auster dans son dernier roman Dublinesca ( Bourgois) tandis que l'Américain fait un clin d'oeil à l'Espagnol en mentionnant un de ses romans dans Invisible (Actes Sud).

“Nos romans se rejoignent, car il s'agit souvent d'histoire de disparitions, que ce soit dans l'oeuvre de Paul Auster depuis la trilogie new-yorkaise, dans le Docteur Pasavento de Vlla-Matas ou avec le Hongrois perdu en Russie de mon Roman russe (P.O.L, ndlr)”, a enchaîné Emmanuel Carrère.

Face aux critiques leur reprochant de malmener la fiction, les trois écrivains se disent foncièrement “écrivains réalistes”, “sauf que notre réel est extrêmement diversifié”, a précisé Enrique Vila-Matas.

“Nous croyons tous les trois dans l'élan qui fait raconter une histoire romanesque”, a conclu Emmanuel Carrère.

Après avoir chaleureusement applaudi le trio, le public s'est dirigé vers la librairie du Pavillon, où les trois auteurs ont dédicacé pendant une courte heure.