« A plus d'un titre », émission quotidienne de littérature et de sciences humaines et sociales sur France Culture créée il y a 4 ans, ne figurera pas sur la grille de rentrée de la station composée par le directeur Olivier Poivre d'Arvor.

A la place, Jacques Munier, qui reçoit des chercheurs entre 16h30 et 17h, proposera une chronique quotidienne de 3 minutes 30 sur les sciences humaines, à 6h45. « Je vais m'engager pleinement dans ce nouveau rendez-vous », a-t-il précisé à Livres Hebdo. Mais « Le fait que l'audience soit bien plus large à cette heure-là va évidemment infléchir mes choix et donnera moins de place à la linguistique structurale ou l'histoire des religions. Il n'y aura plus cette tribune permanente quotidienne où je recevais des auteurs de sciences humaines autour d'un livre mais surtout autour d'expériences et d'enquêtes de terrain. »


Tewfik Hakem, qui officie de 16h à 16h30 avec des auteurs de fiction, se voit confier la tranche horaire de 6h à 6h30 consacrée à l'actualité culturelle en amont des événements. « Olivier Poivre d'Arvor pense peut-être qu'une autre personne avec d'autres bagages serait mieux à même d'animer une émission littéraire. Il m'a proposé autre chose, j'aime relever le défi, nous a précisé Tewfik Hakem. On me demande à chaque fois de prouver ma légitimité sur cette chaîne où je travaille depuis 12 ans. Je vais essayer de transformer ce désagrément en quelque chose de positif.?»

La suppression d'« A plus d'un titre » suscite de vives réactions. Mediapart a publié le 1er juillet un courriel de Pascale Casanova, critique littéraire et ancienne de France Culture, à Olivier Poivre d'Arvor, dans lequel elle qualifie la nouvelle chronique de Jacques Munier de « proposition indigne ». «?Jacques Munier y exerce son talent, sa culture et son savoir-faire depuis une trentaine d'année et vous aurez beau mettre à sa place quelque Mazarine Pingeot plus en cour, le vide sidéral et la logique télévisuelle dans lesquels vous entraînez cette chaîne, déjà menacée depuis longtemps, ne pourra que précipiter sa chute. »


De son côté, André Chabin, directeur d'Ent'revues et chroniqueur hebdomadaire de l'actualité des revues dans l'émission rappelle que Jacques Munier est « souvent au service des “petits éditeurs” ». « Pour eux comme pour tous, c'est une mauvaise nouvelle. Pour les revues, c'est plus qu'une déconvenue, c'est un petit désastre: Jacques nous offrait un espace rare - à double titre - où faire entendre votre travail », écrit-il aux revuistes.