"Le PEN a annoncé dimanche que ces auteurs étaient contrariés par l'image des musulmans dans Charlie Hebdo et dénoncent une "hypocrisie générale", détaille le quotidien britannique, avant de citer la romancière Francine Prose. "J'ai été très contrariée dès que j'ai entendu parler du prix. […] Je ne peux pas imaginer être présente dans le public quand il y aura une standing ovation pour Charlie Hebdo", a déclaré l'Américaine à l'agence AP. Tout en rappelant qu'elle était favorable à la "liberté d'expression sans restrictions" et "déplorait" les attentats de janvier, Francine Prose, elle-même ancienne présidente du PEN American Center, a souligné que la remise d'un tel prix revenait à monter "de l'admiration et du respect" pour le travail de Charlie Hebdo.
Le PEN justifie l'hommage
Le PEN American Center, dont l'une des missions est de défendre la liberté d'expression, a annoncé dès le 25 mars sa volonté de remettre au critique cinéma de la revue, Jean-Baptiste Thoret, un award au nom de toute la rédaction de l'hebdomadaire. "En payant le prix ultime pour avoir usé de sa liberté, et ensuite s'être rassemblé comme un seul homme après cette énorme perte, Charlie Hebdo mérite d'être reconnu pour sa détermination, après l'une des attaques les plus nocives contre la liberté d'expression", avait souligné la directrice générale Suzanne Nossel.
Dimanche, le président de l'organisme, Andrew Solomon, a choisi de répondre aux voix discordantes par une lettre justifiant son choix d'honorer Charlie Hebdo. "En plus d'entraîner des menaces d'extrémistes, les caricatures de l'hebdomadaire ont offensé certains musulmans, comme certains dessins ont aussi pu offenser les autres communautés qu'ils ciblaient. Mais considérant la ligne du journal, nous pensons que l'intention de Charlie Hebdo n'était pas d'insulter les musulmans, et au contraire de rejeter avec force les efforts d'une minorité revendiquant des positions extrémistes. (...) Nous pensons qu'il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec les dessins de Charlie Hebdo pour […] applaudir le courage d'une rédaction défendant ses valeurs en dépit des menaces de mort."