Passé l'effet de curiosité, que devient Point Deux en librairies ? Le format horizontal et compact lancé par Points (filiale poche du Seuil) en avril a suscité des réactions contrastées : enthousiasme pour ce nouvel objet pratique et élégant, ou réticence envers le sens de lecture et le prix jugé trop élevé. "Les ventes ont bien démarré grâce à la publicité et à la nouveauté, puis elles ont diminué, témoigne Julie Gonera, responsable du poche au Furet du Nord, à Lille. J'aime beaucoup l'objet, j'ai envie d'y croire pour Noël, de proposer aux gens d'en acheter deux plutôt qu'un grand format ! » Mais Bernadette Chevalier, sa collègue aux sciences humaines, les vend "très moyennement, le sens de la lecture pose problème ». A L'Esperluète, à Chartres, le présentoir est placé près de la caisse : "C'est très stratégique et les ventes suivent bien, dit Nicolas Gruszkiewicz, au rayon littérature. On pense d'abord que c'est plus cher qu'un poche, mais on s'y retrouve dans la qualité de l'objet et dans le choix de textes très sympas. Quand les clients trouvent un livre trop épais, on leur propose le Point Deux ! » A Chapitre, à Boulogne-sur-Mer, Sabine Lemaire les vend "très mal, après la curiosité du début. Je continue à leur donner une chance, mais le format ne me convient pas du tout en tant que lectrice ».
Six mois après les débuts de ce label, venu des Pays-Bas, se pose la question de son positionnement. "Les premiers titres étaient des best-sellers parus en poche, cela a dû freiner les gens, pense Maya Minassian, responsable du poche chez Labbé, à Blois. Les inédits auront peut-être plus de succès. »
Point Deux se donnera en tout cas en janvier une image plus haut de gamme avec une charte graphique plus colorée et élégante, et davantage d'inédits en poche (Les neuf dragons de Michael Connelly en février), tout en baissant ses prix d'un euro, pour un prix moyen à 10,80 euros. "Nous prenons un virage éditorial et marketing pour être plus conforme à l'objet et à sa perception », explique Marie Leroy, directrice générale adjointe de Points, qui diffusera un spot publicitaire dans les cinémas fin novembre. Elle revendique "un taux d'écoulement en librairie de 50 % », 25 000 ventes pour Le sens du bonheur de Krishnamurti, près de 20 000 pour Chroniques de la haine ordinaire de Pierre Desproges ou encore 15 000 exemplaires sortis sur les 25 000 tirés des Hommes cruels ne courent pas les rues de Katherine Pancol. Répartis entre littérature générale, guides et livres pratiques et policiers-thrillers, 45 nouveaux titres paraîtront en 2012.