Polémique autour d'un livre potache sur les Schtroumpfs

Antoine Buéno

Polémique autour d'un livre potache sur les Schtroumpfs

Le Petit Livre bleu (Hors Collection) qui paraît le 1er juin offre une lecture socio-politique inédite et ludique de la saga de Peyo.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 19h12

Avant de débarquer cet été au cinéma en 3D et en novembre en librairie avec l'Encyclopédie des Schtroumpfs, les Schtroumpfs sont, malgré eux, dans l'actualité éditoriale. Et pas seulement avec le 29e album sorti en avril, Les Schtroumpfs et l'arbre d'or (Le Lombard).

Antoine Buéno offre avec son Petit Livre bleu (Hors Collection), en librairie dès le 1er juin, une lecture socio-politique inédite et ludique de la saga de Peyo, qui était réputé ne pas s'intéresser à la politique. Maître de conférence à l'IEP de Paris et romancier, l'auteur analyse leur société avec les armes féroces de la science politique et de la "schtroumpfologie".

Après avoir traité de questions fondamentales sur la nature biologique ou la sexualité des Schtroumpfs - au fait, pourquoi n'y a-t-il qu'une seule schtroumpfette ? -, Antoine Buéno tente de démontrer que leur société "est un archétype d'utopie totalitaire empreint de stalinisme et de nazisme".

Né en 1928 à Bruxelles, Peyo, le père des Schtroumpfs, avait connu l'occupation allemande et n'en gardait aucune nostalgie mais, relève Antoine Buéno, "une oeuvre peut véhiculer une imagerie que son auteur, de bonne foi, ne cautionne pas (...). Les Schtroumpfs reflèteraient donc plus l'esprit d'une époque que celui de leur créateur". Les Schtroumpfs vivent en autarcie. C'est une société collectiviste et dirigiste, soupçonnée d'être raciste, misogyne, xénophobe, avec un chef unique et omnipotent, le grand Schtroumpf. Ce petit monde est aussi mobilisé contre un ennemi juré, Gargamel, dont le profil rappelle une caricature antisémite et dont le chat s'appelle Azraël.


"je ne m'attendais pas à ce que cela déclenche des réactions aussi violentes
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"Imbécile", "épurateur", "escroc", "briseur de rêves", "opportuniste": une volée de bois vert s'abat sur l'auteur du Petit livre bleu, qui attise la colère des fans sur internet. "Je suis moi-même un enfant des Schtroumpfs. Et je ne me prends pas au sérieux quand je compare le Grand Schtroumpf à Staline, mais il n'est pas défendu de s'interroger sur l'idéologie et les stéréotypes véhiculés par la BD", relève Antoine Buéno.

Les accusations de l'auteur ont fait sortir de leurs gonds les internautes européens, de la France à la Hongrie, en passant par la Suisse ou l'Espagne, et même les Australiens. Les Américains avaient déjà par le passé taxé les Schtroumpfs ("Smurfs" en anglais) d'affreux rouges.

"Les Schtroumpfs nazis ou staliniens ? Vingt ans de recherches pour dire de pareilles conneries !", s'étrangle un internaute.

"C'est typique du politiquement correct qui voit du racisme partout et d'une grille de lecture exclusivement politique et idéologique", s'offusque un autre.

"Ruiner ainsi gratuitement les histoires de notre enfance, quelle honte !", renchérit un troisième.

Peyo n'était pas un homme engagé et il tombait des nues quand, de son vivant, on accusait déjà les Schtroumpfs d'être gays, hippies, francs-maçons, d'appartenir au Ku Klux Klan ou d'être des outils de propagande communiste, la critique la plus récurrente, explique l'auteur.

"J'imaginais bien que cette analyse du petit monde des Schtroumpfs comme utopie totalitaire pourrait titiller des lecteurs, mais je ne m'attendais pas à ce que cela déclenche des réactions aussi violentes", confie Antoine Buéno à l'AFP. "Dans ce livre, je ne fais que superposer une approche d'adulte à une perception enfantine".


15.04 2015

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