Journaliste, correspondant du Monde et du Point pour les pays scandinaves et baltes, Olivier Truc vit à Stockholm. Il est déjà l’auteur du Dernier Lapon (Métailié, 2012), remarqué par la critique et lauréat de prix de littérature policière. On y suivait les investigations du binôme formé par Klemet, un Sami ("Lapon", plus usuel sous nos latitudes, est péjoratif), descendant d’éleveurs devenu policier, mais qui leur demeure attaché, tentant de les défendre contre la marche inexorable du monde moderne et de sa seule loi : le profit ; et Nina, une jeune femme attachante, dont on va découvrir dans ce deuxième épisode le secret : ses rapports plus que compliqués avec son père, un aventurier, ancien plongeur professionnel. A eux deux, Klemet et Nina forment la brigade P9 de la police des rennes, spécialité norvégienne, basée à Hammerfest.
Une petite ville située sur la mer de Barents, non loin du cap Nord, dans une île destinée à devenir "le Dubaï de l’Arctique" grâce aux gisements de pétrole et de gaz exploités par des compagnies internationales dont les représentants font la loi à Hammerfest. Les pétroliers tiennent le pouvoir politique et économique, via leurs séides : le maire, Fjordsen, un ancien ministre social-démocrate, que l’on va retrouver mort d’un mystérieux "accident", ou le répugnant Tikkanen, un Finlandais, agent immobilier véreux qui est au courant des secrets de tout un chacun grâce au fichier qu’il tient avec un soin maniaque, et qui lui permet bien des chantages. Or, justement, après qu’Erik, un jeune berger, ami d’enfance de Juva, un éleveur en train de retourner sa veste, et de Nils, un plongeur émérite qui semble avoir oublié qu’il était Sami, se noie lors d’une transhumance, que des pétroliers en goguette ont explosé dans un caisson, des messages sybillins ciblent tel ou tel, et le fichier de Tikkanen est dérobé dans son coffre. Un justicier, partisan de la culture ancestrale et amoureux des rennes, aurait-il entrepris de jouer les vengeurs, et de châtier tous les Judas d’Hammerfest ? Vaste programme et enquête particulièrement difficile pour Klemet et Nina. Lui, tiraillé entre ses sympathies et son devoir, elle préoccupée par son histoire familiale - laquelle va d’ailleurs se trouver mêlée à l’affaire.
Dans un milieu âpre et avec quoi le lecteur est peu familiarisé, Olivier Truc parvient à le captiver, et à le sensibiliser à la cause sami, l’une des cultures menacées d’extinction par un "progrès" de plus en plus cynique et mal maîtrisé. J.-C. P.
