« A quel âge est-on une mamie sur Tiktok ? », c’est le nom d’une vidéo sous le signe de l'autodérision que s’est amusée à publier Marie-Caroline Fel sur son compte @aufildesromans suivi par plus de 13 200 personnes. « J’ai plutôt l’âge d’une écrivaine que d’une influenceuse », raconte cette booktokeuse suisse de bientôt 64 ans, dont « 58 ans de lecture ». Sur Tiktok, elle publie régulièrement depuis octobre 2022 des vidéos de recommandations de lectures : « Mes 10 dernières lectures par ordre de préférence », « Cinq livres que je n’arrive pas à sortir de ma « PAL » (ndlr : pile à lire) » ou bien encore « Ces romans qui m’ont fait pleurer toutes les larmes de mon corps », etc. Installée à Genève, voyageant aussi entre le Gard et l'Espagne, cette influenceuse littéraire dévore des dizaines de livres qu'elle prend le temps de présenter avec simplicité sur Tiktok.

Faire de son âge sa force

Cette lectrice assidue estime que sur Tiktok ses affinités littéraires en partie liées à son âge peuvent faire la différence. « Tiktok évolue tout le temps, il y a de nouveaux arrivants et la moyenne d’âge a augmenté, c’est ça qui permet d’enrichir le paysage littéraire de Booktok, beaucoup de jeunes font part du fait qu’ils en ont marre d’avoir toujours les mêmes lectures recommandées », explique Marie-Caroline Fel.

Elle a d’abord commencé à publier ses premières vidéos sur Instagram sous le même alias @aufildesromans mais aussi des photos pour présenter un roman en particulier. Mais c’est sur Tiktok qu’elle s’y retrouve le plus. « Je trouve ça plus spontané, plus sympa, la communauté des internautes y est très bienveillante, avec les vidéos j’ai découvert que je pouvais m’amuser, sur ce réseau le but est d’échanger et de s’amuser », estime-t-elle.

Cadre fixe, debout devant sa bibliothèque, pas de montage vidéo ultra rapide mais non loin des codes de Tiktok, Marie-Caroline parle posément et directement à ses « followers » de sa passion intacte pour la lecture. « Je lis depuis très longtemps, c’est la chose que j’ai su apprendre le plus vite et j'ai commencé à lire à une vitesse impressionnante, je lisais aussi très souvent à mes frères », se souvient-elle. A sa manière, la sexagénaire « explique les choses d’une manière vivante » et avec une sincérité certaine qui transparaît dans ses vidéos.

 « Croqueuse de livres »

Si la biographie de son compte @aufildesromans indique « polars/thrillers », Marie-Caroline Fel avoue être finalement plus éclectique que ça. Elle n’hésite pas par exemple à aller lire les « bouquins des jeunes » qui fonctionnent bien, à l’instar de L’As de pique de Morgane Moncomble (Hugo Roman, 2022) écoulé à plus de 60 000 exemplaires. « J’avais un mauvais souvenir des auteurs de romance mais je me suis tout de même lancée dans ce livre ! », admet la booktokeuse.

A l'aise avec les classiques, elle a d'abord commencé à adorer les livres de la comtesse de Ségur. Elle sait que c’est un genre qui marche toujours sur Instagram et Booktok. Mais Marie-Caroline Fel s’intéresse aussi à la romance, fantasy, dark romance, spicy romance, etc., et compte bientôt se lancer dans la littérature fantastique. Son livre le plus marquant est le thriller The Red Dragon de Thomas Harris, le livre qui introduit la série Hannibal Lecter. Récemment, la booktokeuse a commencé à se plonger dans le cosy mystery bien que ce ne soit pas trop sa « cup of tea » avec des romans d’Agathe Portail. « C’est une récompense exceptionnelle quand un lecteur me dit qu’il apprécie l’ouvrage », avoue Marie-Caroline Fel.

Plusieurs partenariats

La sexagénaire travaille avec des éditeurs qui lui envoient régulièrement leurs nouveautés. « J’ai été contactée par la maison Kaplume, je travaille également avec les éditions Eyrolles qui me font parvenir les livres à la maison, mais aussi avec l'éditeur de littérature classique La Trace », énumère Marie-Caroline Fel.

Quand elle doit parler d’un livre autoédité, son rôle d’influenceuse lui semble d’autant plus important : « j’ai comme un devoir vis-à-vis des écrivains auto-édités ou bien édités par des petites maisons, ils n’ont pas la possibilité d’avoir des campagnes de promotion, la seule façon pour eux de se faire connaître c’est d’être visibles sur les réseaux », explique-t-elle.