"Le silence est la pire des choses pour la vie culturelle menacée, en particulier pour la littérature", ont déclaré lundi 2 novembre d'une seule voix les jurys du Femina et du Médicis dans un communiqué. Ces deux jurys de grands prix d'automne justifient ainsi leur décision de maintenir l'annonce de leurs prix littéraire cette semaine, malgré le confinement.
"Nous choisissons de soutenir, par les moyens qui sont les nôtres, les libraires qui s’organisent et résistent en tous lieux des territoires, les lecteurs fidèles au poste, et les auteurs qui ne doivent pas être sacrifiés comme au printemps : leurs livres attendent de rencontrer leur public, pour qui la pensée, le rêve, la mémoire, l’imaginaire, l’altérité des mondes, sont un levier capital contre la noirceur des temps", indiquent les jurés.
Alors que les jurys du
Goncourt, du
Renaudot, de l'Interallié, du Décembre, du Wepler ou encore du Flore ont décalé leurs annonces, le Femina a distingué ce lundi 2 novembre
Serge Joncour (
Nature humaine, Flammarion), Deborah Levy (
Ce que je ne veux pas savoir et
Le coût de la vie, traduits par Céline Leroy, Sous-Sol) et Christophe Granger (
Joseph Kabris ou les possibilités d'une vie, Anamosa). Le Medicis sera proclamé vendredi 6 novembre.
"Contre les géants de la vente en ligne"
Suite aux
annonces d'Emmanuel Macron mercredi 28 octobre, le Femina avait déjà communiqué sa décision de maintenir l'annonce du prix cette semaine.
"Nous gageons que la librairie indépendante, seul secteur de la culture à avoir vu revenir en nombre son public et ayant développé depuis le clic & collecte, trouvera dans notre geste un engagement à ses côtés dans sa défense de la littérature et dans sa lutte contre les géants de la vente en ligne ; que les lecteurs, et les auteurs (un peu oubliés du débat), nous sauront gré de manifester notre indéfectible fidélité envers eux", ont déclaré vendredi 30 la présidente du jury,
Anne-Marie Garat, et la vice-présidente,
Josyane Savigneau.
Les Médicis ont défendu un point de vue similaire. Leur proclamation est maintenue
"à condition qu’au minimum soit garantie pour tout libraire qui le souhaite une activité de « click and collect » (et en regrettant cet anglicisme)." "
Nous avons des échos de libraires qui vont s'appuyer sur le click and collect pour payer leur loyer", réagit
Marie Darrieussecq auprès de
Livres Hebdo.
C'est une sorte de pari qui a pour but de soutenir le courage des libraires. Nous avons beaucoup réfléchi, nous nous sommes posés beaucoup de questions en cette période complexe, nous essayons d'y répondre en toute modestie".