Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

Nouvelle année de mutation et de recomposition… 2015 sera encore placée sous le signe des mille transitions induites par la révolution numérique, dont le développement du livre numérisé, somme toute plutôt lent hors des Etats-Unis et du Royaume-Uni, ne constitue qu’un des aspects. On peut pourtant l’espérer bien différente des précédentes et, osons le dire, plus positive pour les professions du livre.

Si perdurent une conjoncture économique et un climat politique moroses, l’embellie des ventes de livres, l’été dernier et à la rentrée, est de bon augure. Tout comme la résistance de la librairie de premier niveau, la relance encourageante de plusieurs ex-Chapitre par des entrepreneurs indépendants et quelques éditeurs, et le redressement amorcé par la Fnac. D’autres perspectives sont ouvertes par la validation du nouveau contrat d’édition et l’accord interprofessionnel cadre sur le prêt numérique.

Quelques bases ont aussi été posées au plan international pour préserver la diversité du commerce du livre et de la création éditoriale en contrecarrant la tendance monopolistique des géants d’Internet. Suscitant une mobilisation sans précédent des auteurs, le conflit Amazon-Hachette aux Etats-Unis a débouché sur des accords entre le commerçant en ligne et les grands éditeurs qui limitent sa capacité à casser les prix et à dévaloriser le livre. Parallèlement, la Commission européenne se montre enfin sensible aux aspirations à l’équité fiscale dans l’Union.

Il reste cependant beaucoup à faire pour créer les conditions de redéploiement du secteur : lever les menaces que la Commission européenne fait peser sur le droit d’auteur à travers la renégociation de la directive 2001/29/CE ; poursuivre la mutation de la librairie indépendante ; redynamiser le livre dans la grande distribution et soutenir ses positions dans le commerce de proximité ; enrichir l’offre numérique ; préserver le réseau de lecture publique étranglé par les plans de rigueur et la réforme des collectivités territoriales. Surtout, au-delà de la première Fête de la littérature pour la jeunesse en juillet prochain, un vaste plan pluriannuel pour la lecture s’impose, impliquant notamment l’Education nationale. Un enjeu culturel et démocratique.

02.01 2015

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