Interpellé à l’automne 2017 par les parlementaires à propos du financement des manuels scolaires au collège, le ministre de l’Education nationale a répété à plusieurs reprises à l’Assemblée nationale et au Sénat qu’il souhaitait "avoir une discussion globale avec les éditeurs" à ce sujet. "Nous avons rencontré Jean-Michel Blanquer en octobre, et nous sommes prêts à participer à des groupes de travail, dès le premier trimestre 2018, en vue de l’arrivée des nouveaux programmes du lycée", confirme Sylvie Marcé, présidente du groupe des éditeurs d’éducation du Syndicat national de l’édition.
Lors du débat sur le budget 2018 de l’Education nationale, les éditeurs scolaires ont inspiré un amendement voté au Sénat, qui prévoyait contre l’avis du ministre un budget de 50 millions d’euros pour compléter l’équipement des collégiens en manuels conformes aux nouveaux programmes, tous renouvelés en 2016. "Il manque environ 30 % des manuels, avec des lacunes très importantes en physique-chimie et SVT, et un peu moindres en langues", rappelle Sylvie Marcé. Dénonçant les "pressions" des éditeurs, Jean-Michel Blanquer considère en revanche que les 260 millions d’euros accordés par l’Etat en 2016 et 2017 ont été suffisants, et il a fait supprimer cette disposition à l’Assemblée, fin décembre.
Mais il a aussi déclaré que cette question est "stratégique", en soulignant les incohérences de l’organisation actuelle : "Le fait que l’Etat finance les manuels scolaires au collège et pas à l’école primaire ni au lycée m’apparaît comme une anomalie. Cette situation n’est pas logique, et nous devrons en discuter avec les collectivités territoriales et les éditeurs", a-t-il expliqué devant les députés. Il s’est montré très soucieux de la situation au primaire : "Seulement 40 % des élèves ont un manuel à l’école primaire. Nous devons viser 100 %." Au collège, il a insisté sur la complémentarité entre le numérique et le papier, jugeant que les versions imprimées devaient être moins paginées et moins chères.
Rappelant que les familles seraient prêtes à financer les manuels, selon les enquêtes du groupe Education, Sylvie Marcé juge que "la gratuité n’existe pas" et se paie dans les budgets publics. Une question qui devrait être aussi évoquée dans le rapport sur l’économie du livre scolaire et ses conséquences pour les librairies, remis fin décembre aux ministres de la Culture et de l’Education nationale.
Hervé Hugueny