« Pour le moment, il n'y a pas encore de modèle économique du livre numérique » selon François Gèze, P-DG des éditions La Découverte (Editis), qui intervenait dans une table ronde consacrée au sujet au Salon du livre, le 18 mars. « Un tel modèle supposerait des conditions de rémunération permettant à chacun des acteurs de la chaîne du livre de trouver un équilibre économique, ce qui n'est pas le cas. Dans l'édition, les coûts de fabrication d'un livre sont toujours amortis avec l'édition papier, et le numérique n'en supporte qu'une faible partie. Nos prix de vente sont fixés de manière approximative, d'autant que l'univers réglementaire reste instable avec cette TVA différente. Ce que nous cherchons, c'est d'abord à préserver la chaîne du livre » a-t-il souligné, en rappelant la nécessité d'une loi sur le prix du livre numérique.
« Il n'y a pas encore une filière numérique qui repousserait celle du papier dans l'obsolescence. L'organisation des deux est similaire, avec le même public et les mêmes acteurs, ce qui n'est pas forcément simple eux, ni pour les nouveaux entrants qui ne trouvent pas forcément leur compte dans l'organisation actuelle » a ajouté François Rouet, chargé de l'économie de la Culture au département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) au ministère de la Culture.
« Les libraires ne se sentent pas exclus par principe de ce marché, même s'ils savent que ce sera difficile. Ils sont prêts à utiliser les solutions techniques qui seront à leur disposition, même s'ils n'en sont pas à l'origine » assure Matthieu de Montchalin, P-DG de l'Armitière, à Rouen, également membre actif du site 1001libraires.com, dont l'ouverture devrait être annoncée pour le 4 avril prochain.
David Lacombled, responsable des contenus chez Orange, qui a lancé son offre de livres numériques Read and Go en novembre dernier, reconnaît que la situation peut être « anxiogène », certains acteurs craignant de disparaître en raison de l'accélération du rythme de mutation des supports de l'écrit. « Nous sommes convaincus que les éditeurs comme les libraires peuvent y trouver leur compte dans notre offre » dont il a rappelé les principes : « un accès garanti et permanent pour les clients qui auront acheté un livre numérique chez nous, et ce même s'ils changent ultérieurement d'opérateur ».
Pour le moment, le modèle le plus achevé est celui des grands groupes d'édition de revues de Sciences, techniques et médecine (STM), qui vendent très cher des abonnements à des bouquets de contenus numériques aux bibliothèques universitaires a rappelé François Gèze. « Le modèle de téléchargement utilisé actuellement dans l'édition grand public est une autre piste, de même que les bibliothèques de consultation en ligne, comme Cyberlibris ou Cairn, ou encore le système que prépare Google ebooks » a mentionné le P-DG de La Découverte.