Débat

La réponse de Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France

Les partenariats viennent en complément des programmes de numérisation de masse de la BNF financés par le Centre national du livre, ouverts aux autres bibliothèques françaises, notamment universitaires. Gallica met ainsi plus de 2 millions de documents en libre accès et continue d'en ajouter trois cent mille par an.

Believe Digital, leader français de la diffusion musicale en ligne, va numériser en sept ans une collection de 700 000 titres sonores dont la majorité est encore sous droits et qui ne peuvent être mis en libre accès sans acquitter des droits d'auteur. ProQuest va numériser 70 000 titres du XVe au XVIIe, accessibles d'abord pendant dix ans à la BNF ou dans les bibliothèques ayant souscrit un abonnement, avant d'être mis en libre accès sur Gallica. Il s'agit d'une collection savante, souvent en latin, qui intéresse avant tout les chercheurs. Sans ces accords, il aurait fallu un siècle pour numériser les collections sonores et au moins vingt-cinq ans pour les livres anciens. Tous les revenus tirés de ces accords sont réinvestis dans la numérisation. Les partenaires ne détiennent aucune exclusivité sur les oeuvres elles-mêmes, qu'elles soient ou non dans le domaine public.

Un rendez-vous est fixé avec les associations de bibliothèques pour discuter de leurs besoins et des possibilités d'accès à ces collections.



La réponse de Christophe Pérales, président de l’Association des?directeurs de bibliothèques universitaires

L’ADBU n’a pas de prévention idéologique contre les partenariats ­public-privé : en période de contraction budgétaire, comme en connaît la BNF depuis plus de cinq ans, toutes les pistes doivent pouvoir être explorées, du moment que l’intérêt public, au final, prévaut. A cet égard, nous sommes simplement étonnés qu’un accès immédiat et gratuit aux fonds numérisés par ProQuest n’ait pas été prévu pour les bibliothèques publi­ques et universitaires françaises : dans les autres pays européens, cette clause n’a pas fait difficulté. Peut-être dans le cas français y a-t-il de bonnes raisons à cela et un autre équilibre 
a-t-il été trouvé, mais sans publication des ­accords, il est difficile d’en juger. Cette opacité ne nous semble pas de mise dès lors que de l’argent public est en jeu, et elle nuit à la qualité des débats, ainsi qu’à leur sérénité. Une sérénité pourtant indispensable aux institutions culturelles qui s’inscrivent dans le long terme, et à laquelle deux autres éléments nous semblent faire obstacle. Le premier est juridique : le régime de propriété dont ressortissent les fichiers issus de?la numérisation d’œuvres du ­domaine public n’est pas clair. Le ­second implique de définir plus expli­citement une stratégie nationale pour le financement de la numé­risation des fonds des bibliothèques, qui, naturellement, intéressent beaucoup le monde de l’ensei­gnement et de la recherche. C’est un chantier difficile, qui doit faire l’objet d’une ­réflexion collective, mais qu’on ne peut indéfiniment remettre. 
 

Contact : cestvousquiledites@electre.com

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