- Du salon au festival
« On n’est pas là pour vendre des mètres carrés de moquette, on est là pour promouvoir le livre. Dès qu’on fait un choix, il est arbitré avec cet indicateur-là. », assène Jean-Baptiste Passé, nouveau directeur général du festival. Après un long travail d’audit conduit par Bertrand Morisset, l’équipe de la nouvelle édition fait un choix radical : transformer le salon Livre Paris en un festival dans Paris. À travers ce changement majeur, le directeur souhaite « réactiver le ressort du désir » pour que cette manifestation vielle de quarante ans « redonne à nouveau envie ».
- Déménagement
De 1981 à 1988 et de 1990 à 1993, le salon était au Grand Palais. En 1989 et après 1994, il s'est installé Porte de Versailles. Retour aux origines, ou presque. La manifestation se déplace au pied de la tour Eiffel dans le Grand Palais Éphémère, à l'autre bout du Champ-de-Mars. L’espace, plus petit, et la configuration particulière du lieu, en croix, ont inspiré les organisateurs. Contrairement aux 40 dernières éditions, les stands ne seront pas "rangés" en fonction des maisons, mais selon trois thématiques. Une aile centrale « raconter le monde », destinée aux sciences humaines et à la littérature, une aile latérale « imaginer le monde » autour des BD, des mangas et des livres jeunesse et enfin, une dernière aile « habiter le monde » consacrée aux loisirs créatifs, aux beaux-arts, à la gastronomie et au tourisme. « Ces trois thématiques, permettront une déambulation plus cohérente », assure Marie-Madeleine Rigopoulos, la nouvelle directrice artistique du festival.
- Quid pour les éditeurs ?
En sortant de cette logique de stands et de "barnums", le festival souhaite avoir une approche plus « muséale qu’événementielle », avance Jean-Baptiste Passé. Ainsi, les éditeurs qui publient différents types de littérature sont invités à jouer le jeu en éclatant leur stand unique en plusieurs locations, selon les thémétiques. Ces dernières peuvent se faire de trois manières différentes : sous la forme d’un espace appelé « salon », d’un bloc baptisé « kiosque » ou, de façon plus modeste, grâce à des « îlots », disponibles en deux tailles.
- La spécificité des régions et de la francophonie
Cette logique de genres et non plus de stands rebat les cartes pour les éditeurs régionaux habituellement regroupées dans des espaces dédiés aux régions. Ces dernières sont encouragées à s’effacer visuellement au profit de leurs éditeurs. En d’autres termes, « ne pas faire la promotion d’un territoire, mais de l’édition d’un territoire », précise Jean-Baptiste Passé. Concernant la francophonie, les organisateurs sont en relation avec les associations représentant des pays francophones afin de les représenter au mieux.
- Nouveau modèle économique
Afin de palier l’absence d’organisateurs externes (le contrat avec Reed Expo n’ayant pas été reconduit), le Syndicat National de l'Edition (SNE) a créé une filiale événementielle qu’elle détient à 100%. Cela lui a permis d’entériner des changements majeurs dans la gestion économique de l’événement. Désormais, l’entrée du festival sera gratuite pour tous. Il suffira aux visiteurs de s’inscrire au préalable ou bien de venir durant des créneaux où les jauges ne sont pas remplies. La filiale événementielle du SNE a également décidé de prendre en charge la gestion bibliographique de la manifestation. Associée aux libraires de l'association Paris Librairies, la filiale réalisera l'achat des livres auprès des distributeurs et déterminera le nombre de titres en fonction des espaces loués. « On veut tendre à harmoniser la manière dont on vend les livres notamment au profit du visiteur qui ne fera plus qu’un seul encaissement », explique Jean-Baptiste Passé. Un encaissement centralisé comme dans une librairie... Richard Dubois, ancien libraire expérimenté et coutumier de la manifestation, coordonnera l'achat et la logistique auprès des éditeurs exposants en tant que directeur de l'exploitation.
- La place de l’événementiel
Axant sa communication autour d’un aspect plus festif, le SNE a engagé une partie de ses forces sur l’événementiel. Au sein du Grand palais éphémère, on trouvera notamment une scène centrale de 200 places, protégée du reste de la manifestation par de grands rideaux triples de quatre mètres de haut. Au-delà de cet « écrin », plusieurs cafés littéraires seront éparpillés aux quatre coins du bâtiment. Plus petits, ils accueilleront jusqu’à 80 personnes. La programmation imaginée par Marie-Madeleine Rigopoulos sera dévoilée en mars.
- Hors-les-murs
D’autres événements, ouverts au public ou destinés aux professionnels, seront organisés à l’extérieur du Grand palais éphémère dans des lieux satellites. De l’adresse institutionnelle aux lieux insolites, les organisateurs souhaitent mélanger la littérature à d’autres arts pour « faire du beau avec de l’hybride », selon les mots de Marie-Madeleine Rigopoulos. N’ayant pas assez de place dans le Grand palais éphémère, les organisateurs du SNE ont aussi proposé aux ambassades et aux instituts culturels étrangers d’ouvrir leurs portes à l’occasion du festival. Une façon pour eux de participer à ce voyage à la fois littéraire et patrimonial.