6 SEPTEMBRE - LITTÉRATURE France

L'infatigable tandem formé par Chloé Radiguet, nièce de Raymond, à qui elle a quasiment consacré sa vie, et par l'écrivain Julien Cendres arrive au bout de ses peines. Au terme de vingt ans de recherches en commun, ils proposent au public tout Radiguet. D'abord ses ?uvres - vraiment - complètes, c'est-à-dire augmentées de quelques inédits par rapport à la première édition (Stock, 1993). Quelques poèmes, quelques-uns des projets que la mort de Radiguet, en 1923, à 20 ans, de la typhoïde, ne lui a pas permis de concrétiser, en dépit de sa précocité - il a écrit ses premiers poèmes à dix ans - et de sa graphomanie, impressionnantes.

Et puis un ensemble de 140 Lettres retrouvées, inédites, et qui, elles aussi, outre sa fidélité à sa nombreuse et aimante famille qui l'a toujours soutenu, témoignent d'une activité frénétique. En cinq ans, de 1918 à sa mort, il va correspondre et/ou fraterniser avec tout le gotha intellectuel de son époque. Des écrivains : Jean Cocteau, avec qui ses rapports furent plus que compliqués, mais aussi Apollinaire, Tzara, Breton, Aragon, Max Jacob. Des artistes, comme Juan Gris, Valentine Hugo, Brancusi. Des musiciens, comme Georges Auric, Francis Poulenc... Sans oublier le couturier-mécène Jacques Doucet, ou encore Bernard Grasset, l'éditeur de ses romans - Le diable au corps, en 1923, et Le bal du comte d'Orgel, posthume, en 1924 -, avec qui les rapports, là encore, furent plutôt tumultueux !

Résolument, Raymond Radiguet s'inscrit dans cette avant-garde de l'après 14-18, qui a bouleversé la création, en France puis dans le monde. Même si le jeune écrivain, conscient de sa valeur, a su préserver son originalité et son humour. Ainsi, dans une carte-lettre du 28 septembre 1919 adressée à Cocteau, qui, semble-t-il, avait taquiné Raymond parce qu'il avait besoin d'un miroir de poche face à lui lorsqu'il écrivait, il répond : "Narcisse ? Vous vous trompez ; moi, c'est pour me faire des grimaces. »

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