Réactions au prix Nobel de Littérature

Réactions au prix Nobel de Littérature

Orhan Pamuk reçoit les éloges de rigueur, malgré la controverse. Gallimard publiera son prochain livre au printemps.

Par Vincy Thomas
avec vt Créé le 15.04.2015 à 19h12

Il était à New York lorsqu’Orhan Pamuk, prix Nobel de Littérature cette année, a appris la nouvelle. Sa première réaction fut : « Qui m’appelle en plein milieu de la nuit » ?

« Grand honneur » ou « grand plaisir », il est avant tout le premier lauréat turc pour son premier et l’un des rares à venir d’un pays extérieur au monde occidental. Tagore (Inde), Mafouz (Egypte), Soynka (Nigeria) ou Gao (Chine) le précèdent dans une liste qui s’ouvre de plus en plus au reste du monde.

En Turquie, la presse en a fait, évidemment, sa Une. Le mot « fierté » est celui qui revient le plus souvent. Le quotidien Vatan s’interrogeait cependant : « Orhan Pamuk remporte le prix Nobel – pour ce qu’il a dit ou pour ce qu’il a écrit ? » Un goût doux amer dans les louanges des médias locaux qui ne parviennent pas à oublier les propos de l’écrivain.

Le sous-secrétaire d’Etat à la Culkture, Mustafa Isen l’a félicité en espérant que ce Nobel « va aussi attirer l’attention internationale sur la littérature turque et sur d’autres auteurs turcs. » Rappelons que la Foire de Francfort invitera la Turquie en 2008.

En France, où la Turquie était politiquement au cœur de l’actualité, le président Jacques Chirac s’est « réjoui » de cette attribution. « La France s’honore de vous avoir couronné l’an dernier par le prix Médicis étranger pour Neige. En distinguant votre œuvre, le prix Nobel récompense aussi la grande tradition de culture de la Turquie, une civilisation qui rayonne en Europe et en Asie tout autant », a-t-il insisté lors d’une conférence de presse.

Le Ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres a souligné que l’auteur « est, avant tout, un écrivain de la liberté, soucieux d’unir les cultures et de ne pas laisser s’éterniser les silences de l’Histoire qui pourraient les dissocier. »

Le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a repris l’image du « bâtisseur de ponts entre la Turquie et l’Europe. »

Le commissaire européen à l’élargissement, Olli Rehn parle d’une « bonne nouvelle pour la liberté artistique et pour la liberté s’expression en particulier. » Les arrière-pensées politiques sont souvent présentes dans ce concert de félicitations, rapprochant souvent Pamuk de Soljenitsyne ou Brodsky.

Jean Mattern (Gallimard), éditeur français d’Orhan Pamuk, le décrit comme « quelqu’un de très précis, méticuleux, qui cherche toujours à exprimer très précisément sa pensée. » Il annonce par ailleurs que le prochain livre de l’écrivain sera un récit autobiographique sobrement intitulé, Istanbul, qui paraîtra au printemps prochain.

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