« Toute l'histoire des femmes a été faite par les hommes », écrivait Simone de Beauvoir en 1949 dans Le deuxième sexe (Gallimard). Un demi-siècle plus tard, force est de constater que les femmes commencent à se réapproprier le récit historique. Une nouvelle histoire se raconte et s'écrit. Au féminin, cette fois. Si l'édition n'a pas attendu #MeToo pour donner une visibilité à l'histoire des femmes, le mouvement a temporairement provoqué une hausse de la production éditoriale. En 2018, 90 titres ont été consacrés aux femmes dans l'histoire, contre 64 l'année précédente (+ 29 %). Sur la période 2017-2020, l'offre éditoriale a augmenté de 12 %. Le rayon est, pour une grande majorité, enrichi par des biographies de personnalités féminines. Une part de la production met en lumière la place et le rôle des femmes dans l'histoire mondiale, européenne, française et régionale. De l'Antiquité à nos jours, toutes les périodes sont décortiquées sous un regard féminin. La préhistoire n'échappe pas non plus à une relecture féminine. Après la publication des Femmes de la préhistoire de Claudine Cohen (Belin, 2016, aussi disponible en poche chez Tallandier), Marylène Patou-Mathis a permis de donner une visibilité nouvelle au rôle des femmes dans l'histoire ancienne. « Non ! Les femmes préhistoriques ne passaient pas leur temps à balayer la grotte ! Et si elles avaient aussi peint Lascaux, chassé les bisons, taillé des outils, et été à l'origine d'innovations et d'avancées sociales ? », avance cette préhistorienne dans l'introduction de L'homme préhistorique est aussi une femme : une histoire de l'invisibilité des femmes (Allary, 2020). Bénéficiant d'une bonne presse, l'ouvrage s'est glissé dans les meilleures ventes essais à sa sortie. L'auteure y explique notamment que les premiers préhistoriens auraient, sans fondement concret, calqué le modèle patriarcal sur leur objet d'étude. Cette thèse est également défendue par Pascal Picq. Le paléoanthropologue souligne par ailleurs dans Et l'évolution créa la femme (Odile Jacob, 2020) que la violence des hommes vis-à-vis des femmes n'est pas innée mais culturelle. Ces deux ouvrages, parus quasi simultanément, ont ouvert une réflexion hautement politique et polémique : celle de l'émergence du patriarcat dans nos sociétés.