La baisse des ventes des romans de la rentrée littéraire aura eu au moins une conséquence positive : plus de livres ont eu leur chance et se sont retrouvés au moins une fois dans le classement hebdomadaire GFK/Livres Hebdo, des 50 meilleures ventes de romans. Au total, 52 romans français et étrangers sont apparus dans le palmarès entre le 24 août et le 30 novembre, contre 43 l'an passé, soit une hausse de 21 %. Cependant, le ticket d'entrée était plus bas puisqu'ils se sont vendus au total à 1 086 000 exemplaires, soit 300 000 de moins que les 43 qui ont percé à la même période en 2017. D'après l'outil d'analyse mis en place depuis 2015 par Livres Hebdo, ils représentent une part record de 9,2 % des 567 parutions contre 7,4 % l'an dernier. Du coup, 23 maisons d'édition au lieu de 17 l'an passé ont vu au moins un de leurs titres programmés à la rentrée arriver au moins une fois dans les meilleures ventes de la catégorie roman.

En tête du classement, comme chaque année, le Goncourt et le dernier Amélie Nothomb. Si Les prénoms épicènes se sont, à ce jour, un peu moins bien vendus (- 15 %) que Frappe-toi le cœur, le précédent roman de cette abonnée aux rentrées, il s'installe pour la première fois en tête des meilleures ventes, suivi de Leurs enfants après eux, deuxième roman de Nicolas Mathieu, couronné du Goncourt 2018. Les grands prix d'automne ont permis de faire émerger certains titres comme Le sillon de Valérie Manteau, choix du Renaudot ou L'été des quatre rois de Camille Pascal, prix de l'Académie, entrés tous deux dans les meilleures ventes une fois distingués. Si Le lambeau de Philippe Lançon, prix Femina 2018, ne figure pas dans ce top car il est paru en avril, ses ventes dépassent les 160 000 exemplaires. Hormis cette exception, on constate un effondrement, à un an d'intervalle, des ventes des livres primés : - 39 % pour le Goncourt, - 67 % pour le Goncourt des lycéens, et - 91 % pour le Renaudot. L'effet prix littéraire a été freiné par les manifestations des « gilets jaunes » survenues juste après, dans toute la France, qui ont chamboulé les achats de Noël.

La stratégie de renouvellement des catalogues initiée par nombre d'éditeurs, qui ont programmé à l'automne un nombre record de premiers romans ainsi que des auteurs émergents, a séduit les lecteurs. Si l'on retrouve des poids lourds de la rentrée comme Eric Fottorino et Yasmina Khadra qui n'ont pas quitté les meilleures ventes du rayon depuis seize semaines, Jérôme Ferrari, Serge Joncour, ou Maylis de Kerangal, 14 des 52 livres du top, soit 27 %, sont des premiers ou deuxièmes romans. L'an passé, ces auteurs à l'œuvre en devenir ne représentaient que 19 % des ouvrages (8 romans sur 43). Les premiers romans d'Adeline Dieudonné et de Pauline Delabroy-Allard, se retrouvent même dans la première moitié du classement respectivement 3^e et 17^e.

Depuis trois ans, c'est Madrigall qui place le plus grand nombre de titres dans le palmarès (12 cette année). Cependant, le groupe est devancé par Actes Sud en termes de ventes. Avec 8 romans de la rentrée pointant dans les meilleures ventes depuis août, Actes Sud et Rivages pèsent 24 % des ventes, contre 20 % pour les maisons de Madrigall. Albin Michel réalise 16 % des ventes avec seulement 4 romans tandis que Hachette, qui en place 10, en génère 11 %.

Quant au portrait type du romancier entrant au moins une fois dans les meilleures ventes, il s'agit toujours d'un homme (63 % des romanciers du top), de 52 ans (un an de plus que l'an passé) écrivant en français (75 % des titres) et publiant chez Madrigall. W