Ces deux-là se sont bien trouvés. D’un côté, Simonetta Greggio, la plus italienne des romancières françaises, fille de Padoue, de Venise et des années de plomb, réinventée après son arrivée en France voici plus de trente ans, via cinq romans et deux recueils de nouvelles, en chroniqueuse sagace, sentimentale et un rien cruelle des fortunes et infortunes de ses contemporains. De l’autre, Frédéric Lenoir, un touche-à-tout brillant qui transforme en or chacune de ses explorations et fait de la dispersion de ses dons l’instrument de sa réussite et de sa liberté d’écrivain. Après l’abbé Pierre, Marie Drucker, Hubert Reeves ou un moine bouddhiste (entre autres personnalités), c’est donc avec son amie Simonetta Greggio que Lenoir signe son nouveau livre. Un roman (ce qui, écrit à quatre mains, nécessite de bien s’entendre, et plus, de parfaitement se comprendre). Une histoire d’amour (tant qu’à faire…). Un mélo (le plus risqué des genres, puisque flirtant sans cesse avec l’insignifiance).
Adrien a 40 ans, un grand appartement parisien et largement les moyens de se consacrer à sa tristesse. Depuis la mort de ses parents, la brouille qui s’en est suivie avec son frère Nicolas, le départ de sa dernière maîtresse et surtout l’accident qui a coûté la vie à sa jument adorée, Lolita, il ne vit plus qu’entouré par une vieille gouvernante fidèle, témoin des jours de lumière et de chagrin, et un chien qui est le seul à amener à ce foyer quelque exubérance. Ce n’est pas qu’il veuille mourir ; c’est qu’il ne voit pas l’intérêt qu’il y aurait à continuer à vivre. Aussi, avant d’y mettre fin, écrit-il une lettre - bientôt tout un roman, celui des années passées - à Nina, cette enfant d’Italie, rencontrée à Ravello, le long de la Côte amalfitaine, au cœur d’un « vert paradis des amours enfantines » qui était bleu et pas toujours si paradisiaque… Cette longue et très belle lettre à une inconnue, à un amour perdu de vue, à une voix égarée dans le jardin enchanté de la mémoire, parviendra-t-elle à son destinataire ? Avant la nuit, avant la fin. C’est tout l’enjeu de ce troublant thriller sentimental. Olivier Mony